Benoît Vitkine est journaliste au Monde depuis 15 ans, correspondant à Moscou. Il a obtenu le prix Albert Londres pour ses articles sur la guerre en Ukraine, qu’il suit depuis le début, en 2014. Son premier roman, Donbass, était l’occasion pour lui de nous parler un peu mieux de cette région qu’il connaît bien, afin de nous rapprocher d’un conflit dont on parle peu, alors qu’il se déroule quasiment à nos portes. Il prépare un deuxième livre, où l’Ukraine est à nouveau au coeur du récit. Il veut cette fois nous montrer « l’autre face » : Kiev, la corruption, les oligarques, ces requins qui aiment la lutte et se bouffer entre eux plus encore que l’argent… Avec une héroïne aux faux airs de Ioulia Timochenko, une dure qui veut s’imposer dans un monde d’hommes, prête à tout ou presque pour conquérir, survivre… L’histoire commence le soir de sa victoire à la présidentielle.
Il y a un côté romantique, extravagant, chez ces gros poissons, mais aussi une réalité derrière, celle de pays condamnés à stagner…On a hâte. Benoît me fait à son tour l’honneur de répondre à ma rubrique, un auteur, trois livres.
Quel livre a marqué ton enfance, ta jeunesse ?
Sans remonter jusqu’à l’enfance, toute l’oeuvre d’Isaac Bashevis Singer a marqué ma jeunesse. C’est sans doute lui qui, le premier, m’a donné envie d’écrire. J’ai eu la sensation, aussi, de grandir avec lui : à l’adolescence, les histoires tarabiscotées mais quand même un peu gentillettes du shtetl, du folklore juif d’Europe orientale ; la Pologne de l’entre-deux guerres, ce monde sur le point de disparaître ; et plus tard, ce thème que l’on retrouve chez plusieurs écrivains, l’émigration aux Etats-Unis et cette focalisation sur le sexe, un monde en soi qui s’ouvre… Je me dis souvent qu’il faudrait que je le relise, mais j’ai peur d’être déçu!
Quel est ton classique de chevet ?
Svetlana Alexievitch. Pas un livre en particulier, là encore, mais toute son oeuvre. C’est probablement elle qui m’a donné envie d’exercer mon métier de journaliste, elle qui transmet mieux que personne le tragique et la beauté de cette zone sur laquelle je travaille. C’est elle aussi qui m’a donné envie, dans « Donbass », de parler de la guerre soviétique en Afghanistan.
Quel est le livre que tu n’as jamais terminé ?
Le Nouveau Testament. L’Ancien, ça va, mais le Nouveau je ne l’ai jamais terminé.
Bibliographie
