Maëlle part au Népal pour récupérer une méthode secrète susceptible de sauver Romane, son amie de jeunesse qui a un cancer. Ce voyage va bouleverser sa vie.
Bon… Maud… Si un jour, par malheur tu as un cancer et que tu me demandes d’aller au Népal te chercher une méthode, je te répondrai que la marmotte met le papier alu sur le chocolat. Sérieusement, tu me vois aller faire un trek au Népal, avec ma jambe en vrac et mon cœur et mes poumons abimés ? En toute franchise, je ne suis même pas sûre de venir souvent te tenir la main pendant que tu vomis tes chimios, mais reconnais que j’ai déjà été là pour te tenir la main quand tu vomissais le trop-plein d’alcool ingurgité pendant nos folles soirées. J’ai tendance à dire que ça compense. Soyons honnêtes : je préfère mille fois que tu continues à me faire des surprises qui nous conduisent en Corse, même si tu dois te foutre de ma gueule à chaque fois que je peine à sortir de la mer, bousculée par les vagues qui me remplissent le maillot de gravillons. Car tu sais bien que je n’ai pas besoin d’aller au Népal pour savoir que la vie est belle, surtout moi qui ai failli la perdre il y a peu. Les couchers de soleil sont tout aussi magnifiques en Normandie qu’en haut de l’Himalaya, et moi, la montagne, c’est pas trop mon truc, sauf quand je vais au ski, mais chut, dans ce livre, l’argent, c’est mal, et le ski, c’est un sport de riche. Tiens d’ailleurs, il paraît que nous, les occidentaux, nous n’aimons les gens qu’au prisme de ce qu’ils gagnent et de leurs possessions. Reconnais que si je t’aimais pour ton blé, ce serait une forme de perversité qui s’apparenterait à celle qui consiste à se vendre sur le Bon Coin pour se faire découper en morceaux et se faire bouffer petit à petit à la poêle. Alors non, voilà, je te le dis, je ne t’aime pas pour ton argent. Je t’aime parce que tu es la fille la plus merveilleuse du monde, et ce n’est pas compliqué de t’aimer, vu que tu es parfaite, alors que toi, tu as du mérite de m’aimer encore, vu que j’ai plein de défauts. Et puis si tu mettais un bel Italien sur mon chemin pour me surveiller, qui sait si ça ne foutrait pas le bordel dans ma vie, donc non ! Ne me soumets pas aux tentations. Pour les autres gens qui liraient par hasard cette chronique qui n’en est pas une, désolée de vous dire que je suis décidément hermétique aux livres de développement personnel, mais que je comprends que ça fasse du bien à un grand nombre. (Non, en fait, je ne comprends pas, mais tant mieux si c’est le cas). Je conclurai sobrement par ce proverbe intemporel est universel : Heureusement qu’on s’a.
