Voilà longtemps que je n’ai rien publié, car j’ai mis du temps à ingurgiter ce livre dense et plutôt difficile.
Jacques Abeille commence à être étudié comme un classique et on peut le comprendre, tant son écriture est riche. Le style est travaillé, presque désuet, (qui utilise encore autant l’imparfait du subjonctif ?), les images sont ciselées et jolies, l’histoire est originale et un tas de questions philosophiques émergent.
L’auteur imagine un monde où les plantes sont des statues qui poussent et les jardiniers qui s’en occupent sont des sculpteurs. Il brode autour de ce monde une culture et des mœurs, qu’un voyageur, avide de connaissances, émerveillé par la beauté de ce qu’il découvre et soucieux de s’intégrer, décrit avec minutie. Une sorte de voyage de Gulliver dans les jardins statuaires. C’est Mika Mundsen qui m’a conseillé ce livre et, connaissant le style et l’univers de l’écrivain qu’il est, on comprend aisément qu’il ait adoré. Tout en s’appropriant au mieux les us et coutumes de ce pays imaginaire, le voyageur, qui n’a pas de nom, va en bouleverser irrémédiablement l’ordre. Car si on lui parle des femmes, on ne les voit nulle part. Où se cachent-elles donc ? À la fois féministe et terriblement pessimiste quant à la condition des femmes, ce livre plutôt lent de rythme nécessite une assez grande concentration pour s’en imprégner et pour suivre. Ce n’est pas inintéressant, mais j’avoue, que ce n’est pas tellement mon univers. J’ai eu du mal à entrer dedans (environ la moitié du livre). Dépaysant.