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Certaines n’avaient jamais vu la mer – Julie Otsuka traduit de l’anglais américain par Catherine Chichereau (144 pages)

Si j’ai trouvé le sujet très intéressant et peu abordé en littérature, et si j’ai trouvé la construction intéressante, je déplore encore une fois un format de répétition qui me fatigue et m’incite à perdre le fil des récits. Ce roman veut dénoncer une situation intolérable (dont les Etats-Unis ne se vantent pas), le traitement des émigrés japonais au début du vingtième siècle qui a perduré et s’est amplifié au moment de la deuxième guerre mondiale. Mais la construction du roman, basée sur la répétition et l’accumulation de ces histoires, comme pour amalgamer ces vies, les déshumanise. On reste distant face à leurs interrogations, leurs souffrances, leurs désillusions. À aucun moment, je n’ai réussi à avoir de l’empathie pour ces femmes. Certaines s’en sont mieux sorties que d’autres. Certaines sont mieux tombées que d’autres. Meilleur mari, meilleure situation professionnelle, meilleurs patrons. D’autres ont au contraire souffert plus violemment leur déracinement, leur sort s’est révélé moins clément. Pour ma part, c’est l’incompréhension qui a dominé tout au long de ma lecture. De qui parle-t-elle ? Qui veut-elle mettre en avant ? Est-ce la même qui souffre d’un mari violent et d’une situation économique désastreuse ? Cette instabilité m’a donné le mal de mer et je n’ai pas réussi à me plonger dans ce morceau d’histoire qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

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