Galerie

Le baiser des muses – Nikolaus Harnoncourt (117 pages)

Niklaus Harnoncourt, violoncelliste et chef d’orchestre a beaucoup coopéré avec les journalistes pour se raconter et raconter sa vision du métier de chef d’orchestre lors d’entretiens mythiques. Bertrand Dermoncourt nous fait part dans ce cours ouvrage de thèmes chers au musicien pour nous faire effleurer son art, l’évolution du métier de musicien et des orchestres à cause de la mondialisation du métier. Un texte très intéressant.

Galerie

Ce que murmure Mona Lisa – Cécile Béné (241 pages)

Lorsqu’un vieux veuf, passionné de peinture rencontre sa petite voisine qui adore dessiner, une amitié sincère les lie, d’autant que l’adolescente s’entend mal avec sa mère, férue de musique. Patient, Georges va initier Johanne à transcender les émotions qu’elle ressent à la vue d’un tableau pour décortiquer et mettre des mots sur la technique, le contexte historique, politique et religieux de l’œuvre de Léonard de Vinci : La Joconde. Cécile Béné est aussi passionnée et érudite que ce monsieur. On apprend plein de choses dans ce joli roman. Si, comme moi, vous aimez la musique et la peinture, vous serez comblés.

Galerie

Les pêcheurs d’étoiles – Jean-Paul Delfino (233 pages)


Ce livre prometteur m’a beaucoup déçu. Une nuit en compagnie de Blaise Cendrars et Erik Satie, ça partait plutôt bien. Mais les personnages sont affreusement caricaturaux et pas du tout présentés à leur avantage. Deux de mes idoles bafouées, forcément, je m’insurge. Cendrars est présenté en titi gouailleur, rustre et vulgaire, Satie comme un type un peu bébête et timoré, obsédé par sa Biqui,(Suzanne Valardon, qui en effet, a été sa seule relation charnelle connue qu’il a demandée en mariage sans succès) après laquelle il court, amoureux transi et éconduit. Ont-ils été comme ça en vrai ? Peut-être mais quand même. Cendrars était Suisse de toute façon, donc pas titi parisien, quoi qu’il arrive. Et leur folle équipée dans le Paris d’après-guerre ressemble à un épisode de « Secret d’histoire », où l’on va tout vous raconter sur différents lieux de la Capitale, y compris les petites vicissitudes des uns et des autres. Je n’avais pas envie de voir ces deux-là comme des pouilleux, car ils ont su rester dignes dans la misère.

Galerie

Un voyage à Cognac – Laurence Benaïm (106 pages)

Voilà un livre magnifique, un superbe objet. Les aquarelles qui illustrent ce petit opus sont élégantes et l’ensemble dégage une forme de paix très apaisant. Le cognac, qui est pourtant l’alcool associé au feu par excellence dégage aussi cette tranquillité assise sur des siècles de savoir-faire. On se balade dans la ville autant qu’on en apprend sur cet alcool fort, l’un des plus exportés dans le monde, grâce au génie de Richard Hennessy, et de son fils James. Prenez le temps de ce voyage contemplatif.

Galerie

Tableau final de l’amour – Larry Tremblay (200 pages)

Je ne peux pas dire que je suis une grande fan de la peinture de Francis Bacon. Je ne peux pas dire que je connais bien cet artiste que j’ai à peu près découvert par hasard cet été en visitant le musée de Dublin où son atelier, véritable foutoir chaotique (il disait ne pouvoir créer que dans le chaos) a été déménagé de Londres pour être reproduit à l’identique. Sa peinture, violente et torturée ne me parle pas beaucoup.

Mais ce livre, pourtant pur roman, inspiré de la vie de l’artiste, nous apporte un éclairage sur son processus créatif très intéressant. L’auteur, bien documenté, imagine une version crédible du cheminement intellectuel du peintre. Tout en gardant la conscience et donc la distance nécessaire sur l’aspect biographique, j’ai l’impression de mieux comprendre cette œuvre difficile. Une vraie réussite.

Galerie

Le jeune acteur – Riad Sattouf (140 pages)

A la fin des années 2000, Riad Sattouf a réalisé un film qui a changé la vie de Vincent Lacoste, un ado choisi dans un collège parisien pour tenir le premier rôle. L’histoire de ce film et de son acteur principal, devenu l’un des acteurs les plus prometteurs de sa génération sont racontées tour à tour du point de vue de Riad Sattouf et de Vincent Lacoste.

Chacun des deux se livre sans fard, avec ses doutes, ses espoirs, ses failles. Vincent Lacoste y aborde ses petits arrangements d’adolescent avec la réalité, sa timidité, son manque de confiance et en même temps son ego flatté, la surexposition au collège et l’indifférence de ses pairs au lycée. Riad Sattouf évoque quant à lui sa passion pour le cinéma, Truffaut et Jean Pierre Léaud en particulier, ses doutes sur le choix de l’acteur.

Cette transparence sur les situations de la part de l’un et l’autre rend ce roman graphique très touchant et intime, et selon les moments, tristes ou drôles. Un très bon moment de lecture pour ce documentaire qui se lit comme une belle histoire.

Galerie

Un jour d’été au garde meuble de la couronne – Agnès Walch et Gatien Wierez (159 pages)

Ce livre est un documentaire qui éclaire un bâtiment qu’on connaît plutôt comme l’Hôtel de la Marine. Sur une journée d’été (parce qu’elles sont plus longues), on y évoque tous les aspects de la vie de l’époque (milieu et fin 18ème, donc les cinquante dernières années avant la révolution et un peu au-delà, pour expliquer notamment comme il a été difficile d’éviter des pillages, et raconter aussi la fameuse histoire du vol des bijoux de la couronne)  : métiers, objets, logistique, arts, histoire. Avec des papiers de couleur différentes pour représenter les différentes périodes de la journée, ce livre est un beau livre qui est un petit bijou original dans un format pratique et peu encombrant.

Galerie

Légendes de la rue Potapov – Irina Emélianova traduit du russe par Gérard Abensour (392 pages)

En 1946, Boris Pasternak, le grand poète russe rencontre Olga Ivinskaïa, sa dernière muse. Marié par ailleurs, il entretiendra une relation passionnée avec cette femme sublimement belle dont il fera le personnage de Lara dans Docteur Jivago.

Ce roman aura des conséquences internationales et l’auteur devra renoncer au prix Nobel pour l’avoir fait publier à l’étranger.
Pour blesser Pasternak dans ce qu’il a de plus cher, Olga sera envoyée par deux fois dans des camps de concentration. La première fois, elle perdra le bébé qu’elle attendait du poète. La deuxième fois, mère et fille partiront toutes les deux, après la mort de Pasternak.

L’autrice raconte cet homme qui a été son presque père, le tragique et l’absurde d’une époque, le romanesque et parfois les convictions de ces poètes qui ont accompagné son enfance et son adolescence. Une petite histoire qui a pris place dans la grande Histoire. Un témoignage unique, truffé d’anecdotes, de lettres sublimes « il faut que je t’écrive à la hâte, ne m’en veux pas, mais pense plutôt à l’infinité de toutes les choses non dites qui restent en dehors de toutes les lettres au monde… » (Ariadna Efron, à Irina pendant son incarcération) et d’extraits de poèmes.

Dans une lettre de Chamalov envoyée à sa mère, poète qui aura passé vingt ans dans des goulags plus sévères les uns que les autres (à l’époque qu’ils nomment tous pudiquement « du culte de la personnalité » ) ce dernier explique à quel point la poésie a permis aux prisonniers de tenir le coup dans les moments les plus difficiles. Un message à ceux qui douteraient encore de l’essentialité de la littérature.

Galerie

Vies et morts de John Lennon – Hugues Blineau (75 pages)

Hugues Blineau avait déjà écrit un roman autour du groupe mythique des Beatles, il s’attaque cette fois à la mort de John Lennon. Comme une brise légère, il passe autour de quelques quarante personnages, fictifs ou réels, et nous livre des bribes des moments qui ont entouré cet événement tragique. On pourrait aussi évoquer une onde qui se propagerait, de New York au Pays de Galles, comme une radio ou une télévision où l’on zapperait d’une station à l’autre pour intercepter de brefs ressentis. 

Comme dans un kaléidoscope, vous verrez les aspects de cette mort violente, au travers du prisme des proches et anonymes, factuel et très éthéré à la fois. C’est tellement court, qu’il serait dommage de s’en passer.

Galerie

La mécanique du coeur – Mathias Malzieu (155 pages)

Après la rencontre incroyable et magique avec la collection Iconopop des éditions Iconoclaste, et leurs trois premiers auteurs, tous différents et touchants dans leur genre, je n’ai pas pu m’empêcher de raconter la tendresse poétique de Mathias Malzieu à mes collègues dont l’un d’eux m’a déposé la mécanique du coeur sur mon bureau le lendemain même.

La mécanique du coeur est un moment de lecture sensible et un peu perché, drôle et mélancolique, à l’image de son auteur. On y croise des personnages improbables, un peu comme dans la cité des enfants perdus, ou comme dans Edward aux mains d’argent, avec une ambiance un peu similaire.

Le tout, comme toujours chez Malzieu, saupoudré d’une histoire d’amour à faire exploser les coeurs, surtout quand ils fonctionnent grâce à une horloge en forme de coucou suisse. Un moment de grâce où les chanteuses sont myopes et où Méliès conseille l’amoureux transi, comme une barbapapa légère, rose et sucrée.