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Le lecteur de cadavres – Antonio Garrido, traduit de l’espagnol par Alex et Nelly Lhermillier (751 pages)

Inspiré du premier médecin légiste de l’histoire, Song Ci, ce roman retrace la culture chinoise au 13ème siècle au travers d’enquêtes, de leur résolution et de trahisons.

Aujourd’hui, certains préceptes de ce médecin extrêmement novateur sont toujours en pratique. Il a écrit un traité de médecine légale, visant à ordonner les observations et analyses pour apporter aux conclusions une rigueur jamais observée auparavant.

S’appuyant sur des connaissances anatomiques poussées, il a établi les premiers principes de cette discipline. Les histoires s’entremêlent habilement dans ce polar historique très fouillé, et très documenté.

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Alfie – Christopher Bouix (440 pages)

Un appareil de domotique, une intelligence artificielle bouleverse le quotidien d’une famille lambda.
Alfie est cette aide précieuse plutôt sympathique qui fait les courses, vous réveille en douceur, aide les enfants à faire leurs devoirs. Comme il a un module de deep learning (apprentissage profond), ses algorithmes gèrent les évènements et il s’ajuste au fur et à mesure pour fournir un service de plus en plus précis et adapté.

Mais peut -on faire complètement confiance à une machine ? C’est très drôle, car Alfie tâtonne et s’interroge sur l’humanité. C’est aussi glaçant, car le livre aborde des questions essentielles et philosophiques. Quelle est la définition de l’humanité ? Du libre arbitre ? De la liberté ? Il nous rappelle aussi que nous ne sommes pas loin de ce type de situation. En Chine, l’état pousse le curseur très loin avec des caméras partout et des « points » qui donnent ou enlèvent des droits aux citoyens.

Raconté du point de vue de l’intelligence artificielle, truffé d’ « œufs de Pâques », ces références qui sont disséminées dans le récit, ce roman addictif drôle et flippant vous embarquera dans le futur 2.0

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L’Odyssée de l’espèce – Bruno Charlaix (317 pages)

Quatre nouvelles décrivent l’humanité du début à la fin. Oui, la fin, car l’auteur l’imagine. J’ai trouvé dommage qu’il n’y ait pas de fil conducteur entre les histoires mais c’est bien écrit et on aborde les problématiques actuelles de l’humanité. Les histoires sont toutes abordées sous l’angle du progrès, ce qu’il représentait à différentes époques de l’évolution humaine. Si on sait que la planète est en danger, il suffirait de bien peu pour faire écrouler notre fragile équilibre. Une sorte de préambule au livre de Jean Hegland « la forêt »

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Une hirondelle dans la tête – Patrick Agostini (310 pages)

Un gourou de l’altermondialisme est terrassé par une crise cardiaque lors d’une conférence dans un théâtre obscur. Mais le corps disparaît. Que se cache t-il derrière cette étrange disparition ? Cela aurait-il un lien avec les anciennes activités de cet as de l’informatique ?
Patrick Agostini a ce don du langage, il a son univers de mots bien à lui, il les manie et s’en délecte avec poésie et précision, et son style magnifique et exigeant a un air de Pierre Combescot.
Ça peut dérouter sur les premières pages, mais vous serez rapidement happés par l’histoire et vous ne lâcherez pas ce livre avant d’en avoir décousu. Un très bon roman au style unique. Un ouvrage à ne pas manquer.

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Un jour d’été au garde meuble de la couronne – Agnès Walch et Gatien Wierez (159 pages)

Ce livre est un documentaire qui éclaire un bâtiment qu’on connaît plutôt comme l’Hôtel de la Marine. Sur une journée d’été (parce qu’elles sont plus longues), on y évoque tous les aspects de la vie de l’époque (milieu et fin 18ème, donc les cinquante dernières années avant la révolution et un peu au-delà, pour expliquer notamment comme il a été difficile d’éviter des pillages, et raconter aussi la fameuse histoire du vol des bijoux de la couronne)  : métiers, objets, logistique, arts, histoire. Avec des papiers de couleur différentes pour représenter les différentes périodes de la journée, ce livre est un beau livre qui est un petit bijou original dans un format pratique et peu encombrant.

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Une enfance pour toute la vie – Anne Carpentier (192 pages)

Anne Carpentier a travaillé pendant 35 ans comme psychologue. Elle s’est spécialisée au fil du temps comme psychologue des enfants et a exploré la piste du petit sac à dos, ce bagage héréditaire qui est rempli par le vécu des parents. Elle confesse que ses études n’ont pas toujours correspondu à ce qu’elle a rencontré sur le terrain, et profite de cet ouvrage pour nous faire part de son expérience, plus concrète, proche du terrain, avec énormément d’ exemples.

Elle y aborde des grands thèmes de société contemporains, comme la garde des enfants, le complexe d’Œdipe, les abus sexuels, la transmission sans paroles, le culte du secret, la somatisation. Un livre qui remet l’église au milieu du village sur un certain nombre d’idées reçues qui peuvent aider les parents à gérer des situations délicates, ou leur faire comprendre des comportements de leurs enfants. Un livre qui pourra aussi servir aux psychologues, notamment les jeunes, qui pourront s’inspirer de l’expérience de l’auteur. Un livre utile pour tous.

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Sauve-la – Sylvain Forge (396 pages)

Alexis va bientôt se marier avec Clémence lorsqu’il reçoit un message de celle qu’il n’a jamais oubliée et qui l’a quitté il y a vingt-six ans. Elle lui demande un grand service : partir à la recherche de sa fille, déclarée morte il y a plusieurs années mais dont elle est persuadée qu’elle est toujours en vie. Partagé entre son avenir et la réalité de Clémence et la réapparition de Clara, Alexis balance.

Encore une fois, Sylvain Forge nous entraîne dans un roman noir haletant, mélangeant des connaissances scientifiques récentes à une histoire qui se lit d’une traite. Impossible d’en dire plus sans dévoiler les ressorts de l’intrigue que je vous laisse découvrir.

L’imposture climatique – Claude Allègre en entretien avec Dominique de Montvalon (281 pages)

L’imposture climatique – Claude Allègre en entretien avec (281 pages)

Mes compétences en sciences, géographie, géologie, météorologie ne me permettent pas d’affirmer que Claude Allègre a raison ou tort. 

Ce qui est sûr, c’est que tous ceux (journalistes, hommes politiques…) qui ont voulu le faire passer pour un vulgaire clown oublient qu’il est l’un de nos grands scientifiques, couvert des prix les plus prestigieux en sciences. Ce qui est également sûr, c’est que tous les imbéciles qui ont voulu le discréditer en résumant son point de vue à l’importance qu’il accorde à la potentielle disparition de l’ours blanc sont vraiment réducteurs.Enfin, ceux qui le fustigent parce qu’il nierait prétendument que le réchauffement climatique est une hérésie n’ont pas lu le livre. ou alors, c’est moi qui n’ai rien compris.

Car à aucun moment il ne nie que le CO2 est un gaz à effet de serre et qu’il augmente constamment dans l’atmosphère, et qu’il a un impact notamment sur l’océan. En aucune façon il ne conteste que le climat se dérègle, et que c’est en partie à cause de l’homme. Mais en bon scientifique, il dit que les modèles qui ont été développés pour affirmer que le climat va se réchauffer de manière inconsidérée à cause de l’homme et des émissions qu’il produit en CO2 sont faux. Aujourd’hui, il est clairement établi que la courbe de température qui a servi de base aux algorithmes est erronée. Alors Claude Allègre doute des résultats proposés. En 2008, aucune modélisation ne permettait de calculer le climat sur les mille dernières années. Alors modéliser le climat sur les cent années à venir reviendrait à étudier les entrailles de poulet pour partir à la guerre. Trop de paramètres ne sont pas pris en compte (nuages, soleil, océans) pour avoir une vision fiable. Et en 2008, ces paramètres étaient trop mal connus pour les intégrer convenablement.

Il dit aussi que la terre va mal, indéniablement, et que l’homme est à l’origine de dérèglements (barrages qui empêchent le renouvellement de la sédimentation des deltas en provoquant de graves inondations, par exemple). Il explique aussi que réunir plus de cent chefs d’état et des centaines de journalistes pour des sommets mondiaux que personne ne ratifie, c’est beaucoup d’argent gaspillé à la place des actions concrètes qui pourraient être menées (enterrer les lignes à haute tension, par exemple, pour éviter les impacts des fortes chutes de neige, ou des tempêtes). Il affirme que taxer, punir et contraindre, ça ne marche pas, la preuve, les émissions de CO2 continuent d’augmenter, malgré les prétendues volontés de certains états. Qu’il faut agir, mais différemment, parce qu’on ne peut que constater que tout ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas été efficace. Que l’Europe s’est pénalisée économiquement, alors que les gros pollueurs de la planète, eux, continuent de s’en donner à coeur joie. Qu’il faut utiliser ce risque pour rebondir, et investir dans la recherche pour découvrir de nouvelles technologies.

Après, il règle ses compte avec L’ONU, et en particulier le GIEC qu’il accuse d’avoir verrouillé de façon non scientifique le sujet et d’avoir muselé toute forme de contestation, et même d’expression des doutes. Il dégomme les écologistes en général et Nicolas Hulot en particulier qu’il dit bête et inculte mais aussi certains scientifiques auxquels il reproche leur manque de rigueur, voire carrément leur travail bâclé. 

Je ne sais pas où en sont les recherches aujourd’hui. On parle toujours de réchauffement dans cent ans (les fanatiques du réchauffement étaient les même fanatiques du refroidissement dans les années 70, sachons-le) avec des hausses de températures pour l’ensemble du globe (il dit que c’est débile, car la température est un phénomène local et que c’est important de le considérer comme tel, en tenant compte des problématiques locales), donc je ne suis pas sûre que l’histoire lui ait donné raison sur les dix années qui viennent de s’écouler. 

Au-delà du sujet écologique pur, je le rejoins sur un point qui s’applique à tout selon moi : (nous vivons) “une crise du sens et de la réflexion (…) Il faudrait commencer par redécouvrir les vertus du débat contradictoire et, loin des à-peu-près et du vertige populiste, hausser le niveau”. Aujourd’hui, la pensée unique est de mise, on est dans un camp, ou dans l’autre, impossible de nuancer son discours sous peine d’être taxé d’extrémiste (du bord adverse), et les discours sont souvent d’une violence incroyable. Si le débat n’est plus possible, si chacun ne peut s’exprimer, alors la démocratie est en danger. mais c’est un autre débat. Préoccupant.

Homo deus – Yuval Noah Harari (427 pages)

Bon, je suis arrivée au bout. Quoi que très intéressant, c’est tout de même un peu ardu. C’est pas le livre idéal pour se vider la tête en vacances. Surtout qu’il évoque une hypothèse de fin d’humanité peu réjouissante.

Après avoir conquis le monde grâce à la conceptualisation (écriture et monnaie) en réglant les 3 problèmes majeurs de l’humanité dans leur quasi totalité (la faim, la guerre et les épidémies), quels vont être les prochains combats et recherches de l’être humain ? La recherche du bonheur, de l’immortalité et de la divinité.

Mais si nous ne sommes que des algorithmes, gérés en partie par un moi narrateur, la création d’algorithmes bien plus puissants que nous ne pourraient pas être la fin de l’homo sapiens et de l’humanisme ? Je résume et condense au maximum, mais évidemment ces théories sont très étayées et documentées. À lire en hiver, quand on a des dimanches pluvieux à tuer.