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Broadway – Fabrice Caro (189 pages)

Tout le monde semble s’accorder sur le fait que ce n’est pas le meilleur roman de Fabrice Caro, mais on aura beau dire, on se gondole tout du long quand même. Au détour de chaque page, on pouffe irrépressiblement.

Convoqué par la direction du collège de son fils qui a fait un dessin scabreux mettant en scène deux de ses professeurs en train de copuler, Axel va flasher sur la jeune enseignante, tandis que ses meilleurs amis ont eu l’idée la plus saugrenue qui soit : Aller faire du paddle en vacances à Biarritz. Englué dans une vie moyenne entre sa femme, ses deux enfants, ses amis, ses voisins, ses collègues de bureau, il imagine tout plaquer pour vivre enfin ses vrais désirs, comme dans une comédie à Broadway.

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Anatomie de l’amant de ma femme – Raphaël Rupert (199 pages)

J’aime beaucoup l’impertinence de la maison d’édition qui a publié ce roman. J’imaginais que le ton de ce roman au titre évocateur (dont le titre originel était : la bite à Léon) serait à la hauteur de l’exigence de l’arbre vengeur. Primé par le prix de Flore, je lorgnais dessus depuis longtemps. C’est complètement barré, dépressif, absurde, chaud et absolument génial.

On explose de rire à tout bout de champ, et lorsque ça vrille de plus en plus, au fur et à mesure des pages, on se demande sur quel terrain glissant l’auteur va finalement nous emmener. Un architecte marié à une écrivaine qui a une petite renommée décide d’arrêter son activité pour écrire un roman à son tour. En tombant par hasard sur le journal intime de sa femme, il découvre quatre lignes qui vont changer sa vie et sa perception des choses.
Un livre original et drôle pour les amoureux de l’humour déjanté, cru, très cru.

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Samouraï – Fabrice Caro (219 pages)

Je ne sais pas qui a dit que Fabrice Caro était un des rares auteurs qui est capable de nous faire éclater de rire, mais c’est vrai. Il y a longtemps que je n’avais pas pleuré de rire ainsi, au point d’incommoder mes voisins dans le train, mon mari dans le lit.

Le héros veut écrire un « Roman sérieux » pour épater la copine qui vient de le quitter et il veut profiter du calme de l’été, au bord de la piscine de ses voisins, pour écrire l’œuvre de sa vie. Il doit surveiller la piscine et ajouter des galets de chlore pour la maintenir en bon état de marche. Ses réflexions d’auteur en mal d’inspiration sont désopilantes et les efforts de ses amis pour lui faire rencontrer quelqu’un sont très drôles aussi. L’évolution de la piscine est improbable, rien ne se passe comme prévu. J’ai beaucoup beaucoup ri, et franchement, ça fait du bien.

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Alfie – Christopher Bouix (440 pages)

Un appareil de domotique, une intelligence artificielle bouleverse le quotidien d’une famille lambda.
Alfie est cette aide précieuse plutôt sympathique qui fait les courses, vous réveille en douceur, aide les enfants à faire leurs devoirs. Comme il a un module de deep learning (apprentissage profond), ses algorithmes gèrent les évènements et il s’ajuste au fur et à mesure pour fournir un service de plus en plus précis et adapté.

Mais peut -on faire complètement confiance à une machine ? C’est très drôle, car Alfie tâtonne et s’interroge sur l’humanité. C’est aussi glaçant, car le livre aborde des questions essentielles et philosophiques. Quelle est la définition de l’humanité ? Du libre arbitre ? De la liberté ? Il nous rappelle aussi que nous ne sommes pas loin de ce type de situation. En Chine, l’état pousse le curseur très loin avec des caméras partout et des « points » qui donnent ou enlèvent des droits aux citoyens.

Raconté du point de vue de l’intelligence artificielle, truffé d’ « œufs de Pâques », ces références qui sont disséminées dans le récit, ce roman addictif drôle et flippant vous embarquera dans le futur 2.0

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Le ventre de la péniche – Fabrice Capizzano (502 pages)

Un road trip déjanté avec une bande de fous pour emmener les cendres d’une morte à l’autre bout du monde. Voilà le pitch de ce roman à la langue incroyablement foisonnante, riche, poétique, extraordinaire. Moi qui ne gribouille, ne surligne, n’annote pas les livres, j’avais envie de conserver chaque phrase comme un joyau, comme un trésor. C’est drôle, c’est passionné, c’est tragique, c’est grandiose. Et très bien écrit. C’est dramatique et instructif dans une même phrase, l’auteur passant d’une réflexion triviale à une pensée philosophique, humaniste, écologique, poétique avec une grâce infinie. Une très belle découverte.

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Crédit illimité – Nicolas Rey (207 pages)

Quand on rencontre Nicolas Rey, même au travers d’un écran pour une rencontre Zoom, on est instantanément touché en plein cœur par son esprit gentil vif et drôle. Et par son charme. On a envie de lui dire qu’on l’aime. Le rapport avec mon retour de lecture ? Je fais ce que je veux, d’abord, si j’ai envie de dire à Nicolas Rey que je l’aime je le fais. Surtout que je lui dois un soupçon d’excuses, car si l’homme m’a toujours emballée (en tout bien tout honneur, il est fou amoureux, cœur inaccessible), son précédent ouvrage, en revanche m’avait laissée perplexe. Bien sûr, j’avais adoré son style faussement simple et fluide, son humour, mais l’histoire s’était dispersée pour me perdre en pleine forêt, dans une cabane, attachée, après m’être pris un bon coup sur la tête destiné à m’assassiner. Cette fois, tout est parfait. Nicolas Rey se met en scène sous les traits de Diego, fils à papa drogué, alcoolique et passablement fauché. Amoureux de sa psy, très déprimé, il va aller voir son père pour lui soutirer de l’argent. Ce dernier, chef d’entreprise richissime et implacable va lui proposer une grosse somme s’il prend la direction des ressources humaines d’une de ses usines pour licencier dix-sept personnes. Mais Diego, s’il a besoin de ce revenu, va écouter une à une les histoires de ces personnes qui vivent dans une région sinistrée, et il va imaginer un autre scénario. Comme toujours, l’écriture de Nicolas Rey est parfaite. Et cette fois, j’ai été embarquée de A à Z avec Diego. L’histoire est bourrée d’humour et de tendresse et le passage où il décrit des moments touchants avec son père est un retournement inattendu et merveilleux. Un très bon cru qui se dévore.

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Titre – Ami inintéressant (110 pages)

Si vous aimez l’humour absurde, vous aimerez Titre. Découvert sur les réseaux sociaux, ces dessins bâtons me font sourire, voire rire franchement. Alors dans ma volonté de soutenir des talents inconnus, je me suis procuré son ouvrage. C’est actuel, cinglant et barré. Je peux citer la 4ème de couv’ :
« Pas mal tes BD ! J’aime bien le côté fait à l’arrache ! Ce petit côté « je ne sais pas dessiner », ce côté « Je suis une sombre merde sans talent qui mérite la mort ».
On sent le gars qui a une confiance démesurée en lui. Ce doute en filigrane fait aussi le charme de ce petit opus.

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O.N.G ! – Iegor Gran (192 pages)

Un jeune homme bègue et mal dans sa peau reçoit la consécration le jour où il est embauché comme stagiaire dans une ONG écologiste. Mais s’il est aux anges, leur organisation va vite déchanter lorsqu’une autre ONG, dédiée à protéger les enfants dans le monde s’installe aux étages supérieurs de l’immeuble où ils sont implantés. La guerre va rapidement éclater entre les deux groupes.

OMG ! Ce livre burlesque est jubilatoire ! Iegor Gran est le digne fils de son père Andrei Siniavski, il en a hérité le cynisme et le ton ironique. Ce monsieur qui est arrivé en France à dix ans a fait des études d’ingénieur prestigieuses, et hop, en toute simplicité a écrit quelques romans. Quand on le voit, il est la douceur incarnée et ses yeux respirent la gentillesse. Mais son écriture, elle, est une morsure dont le venin s’instille peu à peu. Je crois que j’aurais du mal à me remettre de l’expression « les gratuits » pour parler des bénévoles.

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Le mode avion – Laurent Nunez (214 pages)

Deux savants en linguistique éminents professeurs à la Sorbonne, décident de s’isoler dans un manoir en Provence pour trouver chacun une théorie nouvelle qui les rendra célèbres. Sortir du carcan des écrits centenaires ou millénaires leur paraît la seule façon d’avoir l’esprit totalement libre.

Un petit livre frais et léger malgré une histoire au fond assez tragique dans un style délicieux et des chapitres qui font subtilement référence à notre récente actualité.

Se confiner pour réfléchir ? Quelle drôle d’idée !

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Le sang des bêtes – Thomas Gunzig (223 pages)

J’ai lu d’une traite cet ovni littéraire. Un homme qui approche la cinquantaine s’interroge sans cesse sur le sens de sa vie jusqu’au jour où la possibilité de défendre une jeune femme opprimée s’offre à lui. Entre son père rescapé de la Shoah qui culpabilise, son couple qui s’étiole, son fils qu’il ne comprend pas et sa copine vindicative, son corps, façonné patiemment pendant trente ans, commence à donner des signes de faiblesse et l’arrivée de cette jeune fille étrange et perturbée dans cette famille va faire voler le fragile équilibre en éclats. Sous des aspects légers et des ressorts comiques, c’est aussi l’occasion de se demander d’où nous venons vraiment, ce qui nous construit et comment on se construit, quelle image on veut renvoyer au miroir et aux autres, et, au fond, où nous allons, en tant qu’individus et dans la société dans laquelle nous vivons. J’ose le dire : j’ai vachement bien aimé.