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Kilomètre zéro – Maud Ankaoua (307 pages)

Maëlle part au Népal pour récupérer une méthode secrète susceptible de sauver Romane, son amie de jeunesse qui a un cancer. Ce voyage va bouleverser sa vie.
Bon… Maud… Si un jour, par malheur tu as un cancer et que tu me demandes d’aller au Népal te chercher une méthode, je te répondrai que la marmotte met le papier alu sur le chocolat. Sérieusement, tu me vois aller faire un trek au Népal, avec ma jambe en vrac et mon cœur et mes poumons abimés ? En toute franchise, je ne suis même pas sûre de venir souvent te tenir la main pendant que tu vomis tes chimios, mais reconnais que j’ai déjà été là pour te tenir la main quand tu vomissais le trop-plein d’alcool ingurgité pendant nos folles soirées. J’ai tendance à dire que ça compense. Soyons honnêtes : je préfère mille fois que tu continues à me faire des surprises qui nous conduisent en Corse, même si tu dois te foutre de ma gueule à chaque fois que je peine à sortir de la mer, bousculée par les vagues qui me remplissent le maillot de gravillons. Car tu sais bien que je n’ai pas besoin d’aller au Népal pour savoir que la vie est belle, surtout moi qui ai failli la perdre il y a peu. Les couchers de soleil sont tout aussi magnifiques en Normandie qu’en haut de l’Himalaya, et moi, la montagne, c’est pas trop mon truc, sauf quand je vais au ski, mais chut, dans ce livre, l’argent, c’est mal, et le ski, c’est un sport de riche. Tiens d’ailleurs, il paraît que nous, les occidentaux, nous n’aimons les gens qu’au prisme de ce qu’ils gagnent et de leurs possessions. Reconnais que si je t’aimais pour ton blé, ce serait une forme de perversité qui s’apparenterait à celle qui consiste à se vendre sur le Bon Coin pour se faire découper en morceaux et se faire bouffer petit à petit à la poêle. Alors non, voilà, je te le dis, je ne t’aime pas pour ton argent. Je t’aime parce que tu es la fille la plus merveilleuse du monde, et ce n’est pas compliqué de t’aimer, vu que tu es parfaite, alors que toi, tu as du mérite de m’aimer encore, vu que j’ai plein de défauts. Et puis si tu mettais un bel Italien sur mon chemin pour me surveiller, qui sait si ça ne foutrait pas le bordel dans ma vie, donc non ! Ne me soumets pas aux tentations. Pour les autres gens qui liraient par hasard cette chronique qui n’en est pas une, désolée de vous dire que je suis décidément hermétique aux livres de développement personnel, mais que je comprends que ça fasse du bien à un grand nombre. (Non, en fait, je ne comprends pas, mais tant mieux si c’est le cas). Je conclurai sobrement par ce proverbe intemporel est universel : Heureusement qu’on s’a.

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Condamnées à perpétuité au nom du silence – Jany La Rebelle (220 pages)

Un témoignage sur les ravages du silence. Le petit sac à dos que portent les enfants sont les secrets de leurs parents. Si c’est bien écrit, et l’intention louable, ce livre est avant tout le cheminement d’une auto-psychanalyse et les chemins tortueux de la décortication des comportements d’une mère alexithymique. Si ce travail a été sûrement vital pour Jany, Il n’est malheureusement pas d’un grand secours pour le reste du monde. On lui souhaite bon courage dans sa reconstruction.

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Âme stram gran – Christiane Legris-Desportes (142 pages)

La sœur de François est mourante, mais il lui écrit une lettre pleine de haine pour expliquer
pourquoi il n’ira pas la voir, ni même ira à son enterrement. Non-dits, malentendus, secrets,
culpabilité, dans ce court roman, la rancune est tenace, mais une explication aurait dissipé
des certitudes fondées sur des mythes inexistants.
Nous le savons tous : les mots peuvent autant blesser qu’apaiser et Christiane Legris￾Desportes nous en fait en quelques pages une brillante démonstration. Et si la vie, l’amitié et
l’amour sont des soutiens de taille, seuls les mots peuvent vraiment délivrer.

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Des tréfonds de mon âme, jaillit la lumière – Sandra Ligeour (94 pages)

Il m’est difficile de juger un univers qui m’est assez étranger. Je suis du genre joyeux, j’ai toujours adulé la vie, malgré un traumatisme (viol par un de mes proches à 14 ans, si vous
voulez tout savoir). Je n’ai jamais eu l’impression d’être une victime ou d’être malheureuse.
Peut-être que mon histoire familiale, bien plus lourde, m’a toujours amené à relativiser.

J’espère que cet essai, par ailleurs très bien construit et écrit pourra aider des personnes
moins chanceuses que moi à trouver un sens à leur vie.

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Une vie de résilience – Brigitte Gonçalves (40 pages)

Ana a 38 ans et s’interroge sur sa capacité à être mère, à cause de son enfance et adolescence calamiteuses, avec une mère qui n’a cessée de la rabaisser, de la maltraiter moralement et physiquement. Alors elle fuit sa vie sans rien dire à son mari pour des vacances au Maroc, histoire de faire le point. Un format qui s’apparente à une nouvelle. Ana est en pleine confusion et son guide, charmant, tente de la séduire au milieu de ses réflexions. Un style plutôt agréable, (cependant émaillé de beaucoup trop de fautes à mon goût) mais une histoire plutôt terne.

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Chère Ijeawele – Chimamanda Ngozi Adichie traduit de l’anglais par Marguerite Capelle (78 pages)

L’autrice au nom compliqué pour nous, européens est une très grande écrivaine. Dans ma tête, je dis toujours « Americanah », la Nigériane, car j’ai du mal à retenir les noms. Qu’elle me pardonne.

En revanche, ses livres sont inoubliables. Americanah est un chef d’œuvre absolu. Chère Ijeawele, en 78 pages dit tout ce qu’une fille doit savoir pour être prête à être féministe et féminine, mère de famille et working girl, libre d’aimer et aimer être libre. Il dit aussi tout ce qu’un homme devrait entendre et comprendre de la femme pour que l’humanité avance et aille mieux. Elle explique aussi le poids des traditions, de l’éducation et de la culture, comment vivre avec et comment s’en détacher. Encore une fois, Chimamanda Ngozi Adichie est parfaite en quelques mots, simplement justes.

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Une enfance pour toute la vie – Anne Carpentier (192 pages)

Anne Carpentier a travaillé pendant 35 ans comme psychologue. Elle s’est spécialisée au fil du temps comme psychologue des enfants et a exploré la piste du petit sac à dos, ce bagage héréditaire qui est rempli par le vécu des parents. Elle confesse que ses études n’ont pas toujours correspondu à ce qu’elle a rencontré sur le terrain, et profite de cet ouvrage pour nous faire part de son expérience, plus concrète, proche du terrain, avec énormément d’ exemples.

Elle y aborde des grands thèmes de société contemporains, comme la garde des enfants, le complexe d’Œdipe, les abus sexuels, la transmission sans paroles, le culte du secret, la somatisation. Un livre qui remet l’église au milieu du village sur un certain nombre d’idées reçues qui peuvent aider les parents à gérer des situations délicates, ou leur faire comprendre des comportements de leurs enfants. Un livre qui pourra aussi servir aux psychologues, notamment les jeunes, qui pourront s’inspirer de l’expérience de l’auteur. Un livre utile pour tous.

Affaires de familles – Agnès Naudin (422 pages)

La première fois que j’ai rencontré Agnès, je lui ai posé la même question que tout le monde : ça doit être dur de travailler dans une brigade qui traite des affaires familiales ? 

J’étais moi-même très mal à l’époque, et travailler dans un service où on passe son temps à voir des violeurs menteurs, des incestes sur des petits, des viols conjugaux, des enfants qui décèdent sous les coups, ça me paraissait insurmontable. 

Très jolie, très souriante, elle dégage quelque chose de serein et d’attirant qui subjugue. Elle m’a répondu avec douceur qu’on ne pouvait pas ramener ces histoires chez soi, sinon, ce serait en effet intolérable. Je lui ai dit que c’est précisément ce que je n’arriverais pas à faire. Du coup, j’appréhendais un peu la lecture de ce livre. 

Mais en réalité, il ne s’agit  pas vraiment d’une immersion au sein d’une brigade spéciale. Si vous attendez un livre gore qui détaille des histoires familiales sordides, ce n’est pas l’objet de celui-ci. Elle nous distille trois histoires qui sont presque des prétextes à nous expliquer son parcours de vie. Comment elle en est arrivé là où elle est aujourd’hui. Comment sa spiritualité l’aide au quotidien. Comment on gère sa vie personnelle en dehors des histoires lourdes que l’on traite dans le cadre professionnel. Comment son histoire, ses rencontres l’ont amenées à l’écriture. Pour moi, c’est plutôt un livre sur la découverte de soi, presque un livre de développement personnel.

L’atelier des cœurs égarés -Virginie Paquier (264 pages)

Virgine Paquier - L'atelier des coeurs égarés

Après un roman noir, quoi de mieux qu’un petit feel good ? j’ai donc jeté mon dévolu sur l’atelier des cœurs égarés de Virginie Paquier. Alors oui, c’est un feel good book, mais c’est aussi le moyen pour l’auteur de parler d’un phénomène qu’on croit tous bien connaître, qu’on côtoie tous les jours, mais dont on n’imagine en réalité pas les ravages : la solitude. La vraie, celle qui est une maladie, qui anéantit des vies. Une solitude tellement solide qu’elle se matérialise, qu’elle représente une sorte de personne toxique.

Virginie Paquier nous parle de différents profils, une femme proche de la cinquantaine divorcée dont le fils est parti à l’étranger, un chauffeur de taxi, une jeune femme comptable etc… Des gens qui travaillent, qui voient du monde dans la journée, qui parfois ont des conjoints, des enfants mais qui sont accablés par ce mal insidieux. Comment l’entourage peut comprendre une personne qui semble être entourée ? Malgré une fin facile et un peu bancale, le roman nous fait plutôt bien réfléchir à cet aspect de la vie que beaucoup de monde peut côtoyer, notamment des citadins, noyés dans la masse.