Iegor Gran et j’ai des paillettes dans les yeux. Dans cet ouvrage, il raconte comment son père, Andreï Siniavski a déjoué la traque du KGB pendant six ans avant d’être attrapé et envoyé au goulag pour six longues années. Même Pasternak, ils ne l’avaient pas envoyé au goulag ! Le crime de Siniavski ? Avoir fait passer des nouvelles fantastiques, donc antisoviétiques en Occident pour les faire publier sous pseudonyme. Des nouvelles qui critiquent le régime. Même pas tout à fait. Mais les services compétents ne sont pas dupes, ils sentent l’ironie des écrits, la moquerie sous-jacente. C’est aussi l’occasion pour l’auteur de nous raconter l’URSS des années soixante, les pénuries et les petits trafics (réprimés sévèrement) que la population subit. Ce livre est toujours présenté comme un ouvrage hilarant. En fait, moi, je n’ai pas trouvé ça très drôle. Les relents du passé ont trop mauvaise odeur. Heureusement, en effet, l’auteur s’emploie à utiliser un ton léger pour parler de ces choses si graves. Il manie la dérision avec un talent unique (hérité de ses deux parents, deux sacrés personnages, selon toute vraisemblance). Et sous sa douceur apparente, c’est vraiment ce que j’aime chez cet auteur.
