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Les béliers – Ahmed Fouad Bouras (308 pages)

Ce roman original se déroule en Algérie contemporaine, une Algérie ordinaire, sans qu’on nous en parle uniquement au travers des guerres qui l’ont accablée. On y croisera un immigré français, des jeunes qui travaillent, d’autres qui sont désœuvrés, des gens amoureux ou haineux, des relations père / enfant et une femme en particulier, Rahma, qui se débat entre le poids des traditions et de sa condition de femme et sa soif de liberté. Ahmed Fouad Bouras est médecin, chirurgien, pour être précise, et il s’est lancé dans cette aventure et on décèle sa profession au travers de son vocabulaire d’une précision chirurgicale, on sent qu’il veut être juste dans les termes employés. En l’occurrence, vous le découvrirez en lisant le livre, c’est surtout l’anatomie des béliers qu’il détaille. L’histoire est donc celle d’un berger, Abderrahmane, de sa relation avec son père, le vieux Dahlouk, de ses sœurs, dont Rahma, et de leur frère Ouahab, né en France et resté avec sa mère quand son père est reparti en Algérie. Ouahab souffre du syndrome de la maladie de la Tourette. Un jour, sa sœur dont il n’a jamais entendu parler l’appelle pour lui demander de venir aider son père. La curiosité de rencontrer celui qu’il a idéalisé et fantasmé l’emporte et il part sur un coup de tête en Algérie où il n’a jamais mis les pieds. Là-bas, il devient l’immigré qui ne connaît pas les codes, pas les coutumes, pas les usages. Pendant des jours et des jours, il ne rencontre même pas son père et personne ne lui parle. Alors il traîne avec les béliers, cheptel de son père et en partie de son frère.
Or, les béliers, hormis leur fonction nutritive, en particulier pour l’Aïd qui marque la fin du Ramadan sont aussi élevés pour les combats. Il m’a semblé que ces combats sont une allégorie aux combats des hommes, des combats psychologiques, larvés, spirituels, pas physiques. Les fils qui se confrontent au père, Rahma qui se confronte à la société, des inimitiés entre frères, pour déterminer qui sera le plus fort, qui aura le droit de se pavaner après l’Aïd, qui se fera bouffer.

Et pour prolonger l’expérience vous pouvez écouter l’émission de radio dédiée
https://radio-toucaen.fr/emission/isa-se-livre-20/

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