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Dixième manche- Une histoire américaine – Alexandre Bertin (260 pages)

Un journaliste sportif part en retraite après une carrière qui s’est écroulée au décès de sa femme et de sa fille. Cependant, en rangeant ses dossiers, un vieux reportage jamais fini tombe à terre : un jeune joueur de baseball prodige qu’il était sur le point d’interviewer s’était tué dans un accident de voiture, mettant fin à l’article en devenir.  En apprenant qu’un autre jeune prodige utilise la même technique de lancer de balle et fait le « buzz » sur les réseaux sociaux comme inventeur de ce lancer, Nathan décide de terminer son reportage sur Richard pour lui redonner la place qui aurait dû lui revenir. Mais son enquête va révéler des points bien sombres dans la vie apparemment tranquille de cette petite ville des Etats-Unis.  Dixième manche est un roman français biberonné à la culture américaine, et ça fonctionne du tonnerre ! Personnages bien campés, intrigue bien ficelée, on dévore ce roman haletant d’une traite, qu’on soit fan de baseball ou novice en la matière.

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Les gentils – Michael Mention (343 pages)

Franck a perdu sa fille dans un braquage qui a mal tourné. Il a sombré et sa femme l’a quitté. Un an après, les policiers n’ont toujours pas de piste, malgré des témoins oculaires qui décrivent un jeune homme brun avec un tatouage sur l’épaule. Alors Franck va mener sa propre enquête. Dans ce road trip haletant comme Michael Mention sait si bien les écrire, on traverse la fin des années soixante-dix autant que la France de Paris à Marseille sur fond de campagne électorale française pour finir au Guyana à Jonestown sur fond de People’s Temple. Un roman qui évoque le désarroi d’un père face à la perte incommensurable d’un enfant en noyant sa détresse dans l’action, à la limite de la folie.

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Service Action – Louve Alpha – Victor K. (290 pages)

Troisième volet de la série Service Action, Louve Alpha met cette fois dans les feux de ses projecteurs l’infâme Groupe Wagner et les exactions commises en Afrique. Dénoncer les exactions et mettre en lumière le travail de ces agents de l’ombre, telle est la mission de Victor K. dans ses ouvrages, rédigés au plus près de l’histoire actuelle, celle qui se joue en ce moment. Il y décrit aussi les faiblesses inhérentes à ce genre d’activités, car même si on a à faire à des surhommes (et des surfemmes), les protagonistes n’en restent pas moins des humains, faits de chair, de sang et d’une âme. Comment se maîtriser dans la peur de perdre les membres de son équipe, toujours exposés au maximum dans des missions incroyablement dangereuses ? Comment assurer la sécurité de l’état français, dont la souveraineté, et, par voie de conséquence, la liberté de ses citoyens est mise en péril ? Viktor K. avait produit un roman précédent très technique. Il renoue cette fois avec sa merveilleuse écriture romanesque. Un opus qui se dévore comme les précédents, avec un petit supplément d’âme qui ajoute un vrai plus.

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Tapas nocturnes – Marc Fernandez (149 pages)

Fan de la trilogie « Mala vida », « Guérilla Social Club » et « Bandidos », je me suis bien sûr procuré le préquel de cette série. Un préquel, c’est une histoire qui se passe avant, mais qui est écrite après. L’auteur a profité de cette histoire pour glisser quelques anecdotes de son expérience de journaliste international sur le trafic de drogue au Mexique, qui en font un roman réussi pour quitter les personnages de la série et en démarrer une autre sur ce même thème. S’inspirant toujours de faits historiques, les romans de Marc Fernandez, estampillés polar, sont des enquêtes qui se lisent en page turner avec des personnages attachants.

Et pour prolonger l’expérience, vous pouvez écouter ma chronique avec des extraits et l’interview de l’auteur sur radio-toucaen.fr mercredi 07/02/2024 à 19h30 en direct, ou en replay dès le lendemain

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Froid comme l’enfer – Lilja Sigurdardottir, traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün (287 pages)

Vous aimez les polars islandais ? Vous aimerez celui-là. Lilja Sigurdardottir dit qu’il y a deux sortes d’écrivains du polar, ceux qui privilégient l’intrigue et ceux qui privilégient les personnages. Elle, son truc, ce sont indéniablement les personnages. Elle profite de l’occasion pour dénoncer les violences faites aux femmes, 80 % des affaires traitées par la police en Islande où il y a peu de meurtres en réalité. Dans cet immeuble plutôt populaire les habitants ont tous l’air de cacher quelque chose d’inquiétant, lequel d’entre eux est responsable de la disparition d’Isafold ?

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Avec la permission de Gandhi – Abir Mukerjee traduit de l’anglais par Fanchita Gonzales Battle (315 pages)


En France, ma génération a pas mal étudié la décolonisation de notre pays. En revanche, on est passé assez vite sur celle de l’empire britannique. Ce roman policier est un prétexte pour évoquer la révolution pacifique menée en Inde par Gandhi, mais aussi la situation dans cette région du monde il y a un siècle, la supériorité affichée des Britanniques vis-à-vis des autochtones, leur relégation à des postes subalternes, quel que soit leur niveau d’études, les ravages de l’opium. Pas mieux de l’autre côté de la Manche, donc. Quand l’homme domine une population locale, rien à faire, on retrouve les mêmes comportements qui poussent à l’injustice et l’inégalité. Pas étonnant que ces populations aient eu besoin de se réapproprier leurs espaces. Dans les années vingt, il ne faut pas non plus oublier que les hommes reviennent d’une première guerre mondiale traumatisante physiquement et moralement. J’ai trouvé par ailleurs l’intrigue plutôt bien menée et intéressante, et la description minutieuse de l’ambiance de cette époque bien rendue. Un bon roman policier plutôt original.

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La femme du deuxième étage – Jurica Pavičić traduit du croate par Olivier Lanmuzel (224 pages)

Ce roman a eu des prix de roman policier. Si on sait d’entrée que le roman se situe du point de vue d’une jeune femme emprisonnée pour avoir commis un meurtre, le sujet est pour moi très différent que l’enquête pour laquelle il n’y a pas vraiment de suspens. Pour moi, c’est dur, c’est noir si on veut, mais ce n’est pas non plus l’essentiel. En revanche, c’est un très beau roman sur les évènements qui bouleversent la vie, le libre-arbitre, les petits enchaînements qui nous poussent à commettre l’indicible sans qu’on l’excuse pour autant, tout ce qu’on porte en soi d’essentiel, comment supporter la vie carcérale et comment en sortir dans une petite ville où son procès a fait la une des journaux. Un petit roman très fort où on éprouve plus d’empathie pour la criminelle que pour la victime, même si on se dit qu’on ne tue pas impunément son prochain. Le style est par ailleurs très beau, c’est très bien écrit. Une belle découverte grâce aux éditions Agullo. Merci pour leur confiance.

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En attendant Boulez – Yann Ollivier (382 pages)

Cette enquête policière bien originale se déroule cette fois dans le milieu de la musique (voir retour de lecture précédent qui se passait dans le milieu de la grande gastronomie). Ce roman sorti au printemps 2019 colle à l’actualité 2023 où Chat GPT a été au centre de toutes les polémiques. L’auteur a imaginé la première à la Philharmonie de Paris d’un concerto entièrement écrit par une intelligence artificielle. La soliste, pianiste chinoise, aussi belle que talentueuse est très populaire et fait aussi bien la une des magazines féminins que des magazines de musique pointus. Seulement, elle disparaît à une demi-heure de la répétition générale. Entre les risques pris, tant philosophiques que financiers et les polémiques engendrées par une telle révolution, cette œuvre est une menace. Cynique et ironique, l’auteur connaît très bien le milieu qu’il décrit et utilise cette farce macabre pour nous en faire découvrir les arcanes. Jubilatoire.

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On ne meurt pas la bouche pleine – Thierry Marx et Odile Bouhier (335 pages)

Quand un grand cuisinier décide d’écrire un polar, on y parle de… restauration haut de gamme et de gastronomie bien sûr ! Nouvelles techniques de cuisine, propriétés chimiques des produits associées à l’élaboration des plats, on se régale à distance. Le scénario est assez improbable, mais ce n’est pas l’essentiel de ce roman qui utilise la nourriture comme arme. Original !

Quand un grand cuisinier décide d’écrire un polar, on y parle de… restauration haut de gamme et de gastronomie bien sûr ! Nouvelles techniques de cuisine, propriétés chimiques des produits associées à l’élaboration des plats, on se régale à distance. Le scénario est assez improbable, mais ce n’est pas l’essentiel de ce roman qui utilise la nourriture comme arme. Original !