Voilà un livre qui se lit d’une traite. 86, l’année de Tchernobyl. 3 femmes se relaient pour raconter leur Tchernobyl. Une jeune fille de 15 ans voit cet événement comme la fin du monde, tandis que son père, bouleversé par la fermeture des chantiers navals de la Seyne sur Mer déprime au fond de son lit.
Bon, entre nous, j’avais le même âge en 86. Si les salades de mon père ont subitement décliné malgré les informations rassurantes qui nous rabâchaient que le nuage s’était miraculeusement arrêté à la frontière, si dans les années qui ont suivi, les cancers de la thyroïde, de l’hypophyse et les nodules ont subitement explosé, je ne me suis pas couchée habillée dans mon lit en pensant que j’allais mourir.
Ludmila raconte l’agonie de son beau et aimé Vassyl, un des premiers soldats du feu qui se sont relayés pour sauver l’Europe d’un désastre encore plus grand. Ioulia, elle, voit Tchernobyl comme le point de départ de la fin de son couple, et le départ tout court de son amant, ressortissant français, appelé à rentrer en France.
J’ai trouvé le style remarquablement poétique, et le livre terriblement réaliste. Finalement, malgré leur plongée au coeur de la tragédie, les deux Ukrainiennes vivent la catastrophe d’un point de vue quasi uniquement affectif, alors que c’est la jeune française qui l’appréhende comme le début de la fin du monde.
Un rappel sur un événement dramatique de notre histoire à quelques milliers de kilomètres seulement, avec son hécatombe humaine, masquée par ce qui était encore à l’époque, une dictature communiste. ça fait froid dans le dos, surtout que le prologue et l’épilogue s’appuient sur un épisode vécu par l’auteur dans un train (le Paris Cherbourg, Cherbourg étant une ville où il y a une usine nucléaire), où un homme minimise les risques liés à ce mode de production d’électricité.