Après avoir lu « le village de l’Allemand » de ce même auteur – que je vous conseille vivement-, je me suis jetée sans frémir sur « 2084 ». Ayant déjà lu Boualem Sansal, je sais que son style est fluide, et très agréable à lire. Dans 2084, il nous plombe avec des formules alambiquées, qui correspondent au thème et à l’ambiance du livre. Tout est ocre et on bouffe autant de poussière que les protagonistes qui attendent le jour où on les enverra en pèlerinage, le moment tant attendu. Après de nombreuses guerres nucléaires extrêmement sanglantes qui se sont déroulées tout au long des 20ème et 21ème siècles, la population mondiale a beaucoup diminué. Sansal décrit une dictature religieuse terrible, dirigée par un être immortel (pratique) et fondée sur la délation et la répression absolue. Oui je sais, c’est le principe d’une dictature. Des pogroms, des massacres, des jeux du cirque avec mise à mort sont organisés toutes les semaines pour dissuader les récalcitrants. Leurs familles, leurs amis, leurs proches, tout le monde est tué aussi, au cas où certains voudraient contester. L’ambiance est lourde. Evidemment, dans l’esprit d’un homme, Ati, une graine de question commence à germer. Jusqu’où pourra-t-il aller dans sa réflexion? Peut-on survivre dans une dictature aussi dure où l’esprit des hommes a été réduit au silence? Sansal décrit ce que pourrait devenir le monde si les hommes continuent de se déchirer pour des questions absurdes et pousse le modèle à son extrême. Très bien fait, mais assez indigeste. Lisez donc le village de l’Allemand. Des thèmes similaires y sont abordés, non pas avec plus de légèreté, mais une bien plus grande facilité de lecture.
2084 – Boualem Sansal (275 pages)
