Ce roman est une merveille pour qui aime l’histoire. Pas de scoop, les derniers Romanov sont assassinés à la fin. Mais pendant tout le long du livre, on sent la tension monter inexorablement, et la Russie se déliter par l’incompétence, la paresse et la traîtrise des proches de la famille impériale, jusqu’à l’amener dans le chaos le plus indescriptible.
“En 1917, […] le tsar abdiquait pour sauver la Russie, et trois ans plus tard, cette grande puissance en devenir n’était plus qu’une […] terre ravagée où l’on mourait d”épidémies jamais vues depuis le Moyen-âge, de la faim ou sous les balles d’assassins criant “révolution” pour excuser leurs crimes. Il n’y avait plus d’industrie, plus d’agriculture, plus de bon sens et plus de pitié, juste un immense champ de bataille.[…] »
Le style est parfaitement adapté au roman, et on sent le travail considérable de recherches que cet ouvrage représente. On y découvre les dix dernières années de la Russie tsariste, auprès d’une famille somme toute simple, aimable, et qui n’a eu de cesse de tout donner pour son pays la plupart du temps avec une gentillesse et un dévouement qu’on rencontre rarement et dont les membres n’ont été que les pantins de l’Histoire qui les a broyés. Cela nous montre aussi comment l’Histoire peut basculer dans l’horreur, et à quel point des individus sans scrupules peuvent s’emparer du pouvoir sous couvert d’égalité à rétablir, alors qu’en réalité ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Toute ressemblance avec des faits plus récents n’est pas si fortuite que ça. Eblouissant.