Parenthèse en préambule : Quand un livre de la rentrée littéraire est bon, il est toujours bon plusieurs années plus tard. J’avais repéré ce livre à sa sortie en 2019. Ainsi, ne me demandez aucun conseil pour démêler le grain de l’ivraie des 520 livres publiés cet automne. On en reparle dans quelques années.
J’aime particulièrement cette période de l’histoire entre le moyen âge et la renaissance où les hommes se sont peu à peu ouverts à l’étude des sciences pour laisser une place plus grande à ce que nous enseignait la nature. Sortir de l’obscurantisme religieux où des hommes se prenaient pour Dieu et imposaient à d’autres hommes leur pensée dictatoriale sous couvert de châtiment divin. Admettre que l’homme pouvait soigner ses semblables grâce à des pratiques et des plantes. Que Dieu seul n’y pourvoyait pas.
L’histoire fictive de ce couvent de femmes, dédiées à la charité grâce à un hôpital consacré aux indigents, et à la fabrication de produits concoctés par une doyenne au savoir pharmaceutique colossal est un pur chef d’œuvre. Et il a des résonnances actuelles très fortes. En effet, le peuple est prompt à ériger des bûchers pour brûler de prétendues sorcières. Sait-on vraiment ce qu’il y a dans les potions de sœur Clémence ? Ne serait-elle pas une sorcière qui tuerait des enfants pour prélever leur sang au lieu de les sauver ?
Les intrigues politiques, les complots, la soif de connaissance, la place de la femme dans la société, tout y est. Ce roman est foisonnant d’informations sur la société de la fin du 16ème siècle, sur les simples et certaines applications comestibles ou thérapeutiques (et une résonance personnelle sur ce professeur de botanique en pharmacie à l’université de Caen à qui je rends hommage, merci M. Rioult pour la passion que vous transmettez à vos élèves) et l’histoire du roman en tant que tel est particulièrement réussie, bien écrite et captivante.
