Le roman démarre sur un krach boursier et l’auteur s’adresse à la 2ème personne du singulier, ce qui est assez original.
« Ce jour-là, la Bourse tombe de son lit et se brise la colonne vertébrale : c‘est le pire jour de ta vie. Enfin, c‘est ce que tu penses. Ce n‘est pas le pire jour de ta vie, mais tu penses que ça l‘est. Et quand tu exprimes cette pensée, tu le fais avec conviction et sans excès de fioritures rhétoriques.”
Gwen, jeune tradeuse d’origine gallo-philippine coincée est désespérée. Elle a vécu entre des parents artistes, un père musicien qu’elle méprise et une mère poète qu’elle a adorée mais qui s’est suicidée. Elle a toujours voulu se sortir de sa condition et vénère l’argent comme valeur absolue. Pour elle, réussir dans la vie, c’est avoir beaucoup d’argent. Evidemment, le roman va exploser toutes ses certitudes. On pourrait penser que les thèmes abordés sont ceux des feel good, mais c’est écrit d’une façon qui n’est pas du tout un feel good. Elle va parcourir Seattle un week-end de Pâques à la recherche de son amie Qjo, disparue mystérieusement et de André, le singe de son petit ami qui a fait une fugue, tout en se demandant ce qui va advenir d’elle lorsque les marchés ouvriront à nouveau et comment elle pourrait se sortir de sa situation qui semble terriblement compromise.
Toutes les histoires de cet auteur sont complexes, les personnages, très fouillés, les situations minutieusement approfondies. Ce roman ne fait pas exception et au-delà de son histoire rocambolesque, il distille des vérités sur des sujets aussi variés que la société pour dénoncer la société de consommation, l’écologie, l’économie, l’ésotérisme de la lecture des cartes de tarot, des tribus africaines et leurs connaissances en astronomie, le traitement du cancer du côlon et les dents de Washington.
L’auteur écrit avec une plume très imagée, superbement traduite par François Happe. Les images de l’auteur peuvent être poétiques mais souvent âpres, voire crues, ce qui les rend drôles.
