Roger Riffard, cet artiste oublié qui été tour à tour enseignant, cheminot, chansonnier, acteur (il aura tourné dans plus de cinquante films dans lesquels on ne l’aperçoit pas en tout plus de dix minutes), a écrit deux livres, « La grande descente », et « Les jardiniers du bitume ». Je vous avais déjà parlé des jardiniers du bitume, l’absurde du quotidien pour les gens moyens dans les années 50/60. Dans la grande descente, Roger Riffard reprend les mêmes thèmes dans un contexte différent. La grande descente, ce sont des temps de pause de plusieurs jours pour les cheminots qui ont travaillé durant le week-end. C’est aussi la descente aux enfers de cet homme simple aux bonheurs simples. Dans un style inimitable qui reflète à merveille son époque, il nous raconte une tragédie au travers de souvenirs très doux : aller aux champignons avec son ami, « le Vieux » qui est aussi un père spirituel, faire l’amour avec sa douce petite amie. Il écrit avec une gouaille et une poésie inimitables le drame qui chamboule cet équilibre bien rôdé dont on pressent pourtant la fragilité.
