Deux savants en linguistique éminents professeurs à la Sorbonne, décident de s’isoler dans un manoir en Provence pour trouver chacun une théorie nouvelle qui les rendra célèbres. Sortir du carcan des écrits centenaires ou millénaires leur paraît la seule façon d’avoir l’esprit totalement libre.
Un petit livre frais et léger malgré une histoire au fond assez tragique dans un style délicieux et des chapitres qui font subtilement référence à notre récente actualité.
Se confiner pour réfléchir ? Quelle drôle d’idée !
J’ai lu d’une traite cet ovni littéraire. Un homme qui approche la cinquantaine s’interroge sans cesse sur le sens de sa vie jusqu’au jour où la possibilité de défendre une jeune femme opprimée s’offre à lui. Entre son père rescapé de la Shoah qui culpabilise, son couple qui s’étiole, son fils qu’il ne comprend pas et sa copine vindicative, son corps, façonné patiemment pendant trente ans, commence à donner des signes de faiblesse et l’arrivée de cette jeune fille étrange et perturbée dans cette famille va faire voler le fragile équilibre en éclats. Sous des aspects légers et des ressorts comiques, c’est aussi l’occasion de se demander d’où nous venons vraiment, ce qui nous construit et comment on se construit, quelle image on veut renvoyer au miroir et aux autres, et, au fond, où nous allons, en tant qu’individus et dans la société dans laquelle nous vivons. J’ose le dire : j’ai vachement bien aimé.
J’ai adoré les personnages attachants et la mise en lumière d’un métier méconnu : celui d’aide soignant à domicile. Un livre au style enlevé plein de générosité, de chaleur et d’amour des autres et une touche d’humour. J’ai notamment adhéré à l’exacerbation des noms en fonction des personnages, comme la collection des livres « Monsieur » et « Madame » (Madame Perverse, Madame Poivrote, Madame Gentille, exemples de noms de patientes) Un livre qui fait du bien, comme un baume apaisant ou une pastille au miel. Rien de bien profond dans cette petite histoire, mais ça fonctionne.
Il y a longtemps que je n’avais pas ri autant grâce à un roman. Les éditions Quidam, spécialisées dans l’originalité, ne dérogent pas à leur ligne avec ce roman. L’histoire est en effet inédite. Un imitateur excellent, mais peu connu, consacre son art à des personnages essentiellement morts ou oubliés. Qui se rappelle la voix d’André Gide, qu’il imite pourtant à la perfection ? Lorsque son écrivain préféré vient le voir dans sa loge, un soir après le spectacle pour lui proposer un étrange marché, celui de prendre son téléphone, se faire passer pour lui grâce à ses talents d’imitateur et devenir, donc, son répondeur, la vie de Baptiste bascule.
L’auteur nous interroge sur l’absurdité du monde, au travers d’une satire des nouveaux médias et de la célébrité, dans une langue à la fois fluide et érudite. Le roman de Luc Blanvillain est remarquablement bien écrit. On se régale autant de ses mots, de ses belles tournures de phrases que des situations cocasses qu’il sait parfaitement mettre en scène.
Nicolas Rey est un auteur sensible, désabusé et à l’humour désespéré qu’on aime immédiatement lorsqu’on lui parle. Ses livres parlent d’écrivains sensibles, désabusés et à l’humour désespéré, mais comme il a eu la présence d’esprit de faire marquer “Roman” sur les couvertures, et même si ça ne nous évite pas de faire l’amalgame, il peut toujours prétendre qu’une partie du livre n’est pas autobiographique, contrairement à son double Gabriel.
Ça démarre plutôt pas mal, l’homme apprend qu’il a un cancer en stade terminal, alors qu’il ne vit que dans l’espoir que la femme de sa vie l’aime à nouveau, malgré la très faible probabilité que cela arrive. Il écorne au passage quelques présentateurs télé, actrices, influenceuses, écrivains et c’est drôle. Et puis il a une nouvelle voisine qui emménage. Une sorte de fantasme sur pattes, belle, intelligente, drôle, bien foutue, sexy en diable, coquine comme tous les hommes en rêvent, dévouée à son métier d’enseignante, la femme parfaite.
Malheureusement, Gabriel est un déchet insensible à ses charmes, puisqu’il attend que la femme qui l’a quitté revienne et qu’il ne ressent de toutes façons plus rien à cause de la tonne de médicaments qu’il ingurgite. Malgré tout, Diane s’acharne à le séduire (il a du bol, cette femme possédant autant de qualités aime les marginaux drogués dépressifs anciens alcooliques, impuissants qui passent leur vie à comater devant des séries).
Et c’est là que ça part en couille, parce que c’est trop, vraiment. Il arrête d’un coup tous les médocs, son cancer, on n’en parle plus, et tout l’enjeu se trouve dans des parties de jambes en l’air plus ou moins glauques, puisqu’il a retrouvé toutes ses capacités. Quand je pense qu’il nous a avoué avoir enlevé 6 pages entières de scènes érotiques ! Alors, oui, bien sûr, si on est là, c’est qu’un jour un homme et une femme ont fait l’amour. Mais on n’est pas obligé de boire la pisse de l’autre, hein non plus. Bref, un livre dont le style badin nous enchante et puis, comme lorsqu’on a trop abusé de substances plus ou moins licites, on finit la soirée en allant vite se coucher car on se sent vaguement nauséeux, inutile et vain.
Branle-bas de combat chez les créateurs de mode hyper connus, Léonardo et Michelangelo, Framboise, une de leurs employées a eu une idée de génie. Ils s’emparent de l’idée, Mafia à l’appui qui essaie de faire disparaître la belle. Heureusement, Framboise a plus d’un as caché dans sa manche, même quand elle est nue.
Un roman d’espionnage satirique, à la « l’espion qui m’aimait » ou « Spy » avec Jude Law. Vous sourirez des facéties de l’auteur qui truffe son livre pétillant et réjouissant de références diverses et variées. Vous y croiserez des Indiens Navajos peu recommandables, des mamas italiennes prêtes à tout et le terrifiant Don Cortisone qui gère d’une main de maître le réseau mafieux de Gênes, secondé par Luigi et Tonio, ses fils. Un bon moment de détente.
Karim et Louise se rencontrent, s’aiment, se marient. Quoi de plus banal ? Comment ça, vous avez tiqué sur KARIM ET LOUISE ? Pourquoi n’auriez-vous pas tiqué sur Karim et Samia ou Jean-Benoît et Louise ? Justement, tout l’objet du roman est de décortiquer les rouages des clichés en tout genre : le racisme latent et larvé, involontaire parfois, ouvertement affiché à d’autres moments, orné des clichés sur les origines sociales et les clichés religieux.. L’amour et tous les petits tracas qui en découlent, les non-dits, les compromis, la belle-famille. La politique, et l’engagement, les idées et leur défense.
A la fois drôle et grinçant, vous vous retrouvez forcément dans une case et tout est plus alambiqué qu’il n’y paraît. Les scènes de retour des premières rencontres avec les belles-familles en sont le meilleur exemple, le plus drôle. Un livre moderne sur la vie des jeunes qui se mettent en couple pour le meilleur et pour le pire, ni seuls, ni ensemble, jusqu’à cette fin, terrible, abrupte, qui nous fait dire : Comment ? Ça se termine là ?
Après cette incroyable rencontre VLEEL (varions les éditions en live, rencontres avec des éditeurs et des auteurs) avec les éditions le nouvel Attila et Gauz, j’ai immédiatement couru chez mon libraire pour me procurer la prose de cet érudit si humble.
Gauz est un homme au discours fabuleusement simple et à la plume acérée. Sous l’apparente simplicité de son écriture, il avoue lui-même avoir énormément travaillé. Rien n’est acquis dit-il. Le talent n’existe pas, seul le travail compte. Il retrace dans ce roman l’histoire de plusieurs générations d’immigrés Ivoiriens en France, et l’évolution de la politique qui a façonné l’image populaire qui en a découlé. Ce récit est émaillé de réflexions sur la condition de vigile. Théorèmes, corollaires, sophismes, on est fasciné par le métier de ces hommes transparents, invisibles. On rit beaucoup aussi, des petits ou des gros travers des clients, mais parfois, on est soufflé par la poésie ou la tendresse qui se dégage de ce texte.
Une femme en mal d’amour décrit des scènes du quotidien au travers du prisme de son mal-être et de ses déboires amoureux. Parfois grinçant, parfois très drôle, les petites scénettes, jamais plus de deux pages, nous livrent une sorte de journal intime désespéré.
Encore un tout petit ouvrage découvert lors des “Varions les éditions en live” (VLEEL) avec les Editions de l’Arbre Vengeur pour se détendre à la rentrée. Un homme s’aperçoit qu’il a oublié de mettre ses chaussures, et que ses clés sont à l’intérieur de son appartement. Pressé, il décide de démarrer sa journée en l’état. Cela va changer sa vie. En quelques pages, l’auteur aborde les grands thèmes de la vie : le travail, l’amour, l’argent, l’art, l’amitié, au travers du regard des autres sur un détail incongru. Absurde, drôle et poétique.