« Il n’y a rien de pire que la perte d’un enfant ». C’est ce que dit sa doctoresse, plusieurs mois après le décès de son fils de vingt-cinq ans, mort dans un accident funestement stupide. C’est ce que Naja Marie Aidt a expérimenté. La mort n’est jamais lisse, elle n’est jamais linéaire, elle ne commence pas par un sujet pour finir par un point, elle est faite de sursauts, de bonds, de routes qui s’arrêtent brutalement, d’abîmes, beaucoup d’abîmes. Elle se traduit par des cris, des pleurs, des moments d’abattement intenses. Alors dans ce court ouvrage qui ne souhaite pas verser dans le misérabilisme et le pathétique, l’autrice nous fait surfer sur des extraits de journaux intimes, de notes, de poèmes, d’écrits. Le livre exprime le chaos que représente un deuil aussi monstrueux que celui de perdre un enfant, polices différentes, physionomie déstructurée du récit, les mots se mettent à des endroits étranges dans la page, comme une chose abominable et impossible à appréhender.
Et en tant que mère, on pleure aussi.
