Ouh la la ! Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu en espagnol ! Pour prolonger ma rencontre avec Ernesto Guevara, dit « Che », je me suis dit que cet essai philosophique sur la vie du révolutionnaire argentin était le moment opportun de sortir ce livre qui traînait dans ma PAL depuis un moment. C’est intéressant le contraste avec « Voyage à motocyclette latinoamericana ». Ernesto, à vingt-trois ans, ne se voyait pas comme un révolutionnaire. Dans son écrit, il le dit : ce qui l’a animé pendant ces neuf mois de tribulations, c’est le taux de remplissage de son estomac. Alors, aujourd’hui, on peut bien sûr voir dans sa jeunesse les prémisses de son engagement futur, ses parents étaient déjà des bourgeois à part, le laissant jouer avec des enfants de toute condition, son père l’emmenait démasquer les nazis qui essayaient de fomenter des complots en Argentine, ils protégeaient les républicains espagnols ayant fui l’Espagne castriste. Il est montré comme la légende qu’il est devenue, c’est pratique un mort pour le transformer en légende. Cet essai est évidemment très parti pris et nous montre un homme asthmatique, certes, mais doté d’une telle force mentale et morale, d’une telle abnégation, que même si les anecdotes sont vraies, on peut soupçonner les auteurs de les avoir légèrement enjolivées. Et j’ai été étonnée de pouvoir me remettre aussi facilement à une langue que je n’ai pas pratiquée depuis un moment. En tout cas, les deux livres se faisaient admirablement résonnance, et c’était le parfait timing pour ce troisième duo de la saison, après les deux livres sur Rimbaud et ceux de, ou sur Edmonde Charles-Roux.
