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Tala Yuna – Charles Aubert (315 pages)

A la suite au départ de sa femme, un écrivain connu pour ses biographies de gens célèbres part à la recherche de son père qui est parti deux jours avant sa naissance. Les seuls indices qu’il possède sont une photo très ancienne et le fait qu’il ait toujours affirmé son envie de vivre dans cette région sublime du Canada, nommée la région des mille îles. Jonas devient étrangement ami avec un homme qui a pourtant des aspects inquiétants. Cet homme lui propose de lui faire faire le tour des archipels en bateau, avec son frère un peu simple d’esprit.

L’auteur nous entraîne dans son sillage avec cette épopée aventureuse, dans un style romanesque qui fait la part belle à la nature. Les préceptes ancestraux indiens se mêlent au respect du monde qui nous entoure, et les paysages sont à couper le souffle. Le tout est rythmé par une tempête qui se prépare, sur l’eau comme dans les vies des protagonistes. Ce roman vous embarquera à coup sûr grâce aux personnages, très beaux, même les plus sombres, à l’histoire des différentes quêtes, aux histoires d’amour et au road trip (je devrais dire sea trip) avec ses paysages magnifiques et hostiles  Un très beau roman dont on n’a pas assez parlé.

Je remercie les éditions @slatkineetcompagnie pour leur confiance.

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En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut (171 pages)

J’ai enfin lu « En attendant Bojangles ». C’est toujours un défi de lire un livre qui a eu beaucoup de succès, qui a été adapté au cinéma. On est parfois déçu. Or j’avais entendu parler du succès du livre mais j’avais peu entendu parler du livre lui-même, ça m’a donc protégé de mes propres a priori. J’ai énormément aimé cette histoire de femme fantasque et
de maman à part. L’histoire de cette folie qui s’insinue dans cette famille qui aurait pu n’être qu’un peu décalée. La vision de l’enfant sur cette situation hors normes est une bonne idée pour ne pas tomber dans l’angélisme, et pour garder une forme de crédibilité à l’ensemble qui maintient la structure. Un vrai ton, une belle histoire d’amour, et un glissement progressif
vers l’annonce fatale d’une tragédie. Peu à peu, on sent bien que ça ne peut que mal finir, mais dans la voix de cet enfant, on espère encore que seul l’amour triomphera. C’est beau, c’est moche, c’est triste, c’est drôle tout à la fois. Un premier roman très réussi.

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La divine comédie de nos vies – Gavin’s Ruiz (214 pages)

Sacha aide Jérôme à disparaitre, littéralement, comme s’il était mort. Cet événement imprévu comme un coup de tonnerre dans leurs existences va amener sa famille et ses amis à s’interroger sur le sens de leurs vies, le rapport qu’ils ont eu avec lui et ce que cette disparition va changer pour chacun et pour le groupe. Gavin’s Ruiz nous confirme à la fin ce qu’on soupçonne au fur et à mesure de la personnalité de Jérôme et de sa vie qui était une comédie. Sur un sujet finalement plutôt convenu, l’auteur arrive à rafraîchir le genre en nous glissant dans chaque personnage des secrets plus ou moins importants, des petits arrangements plus ou moins importants. On a tous rêvé un jour de changer de vie, de repartir de zéro. Ce roman nous y fait rêver.

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Le ventre de la péniche – Fabrice Capizzano (502 pages)

Un road trip déjanté avec une bande de fous pour emmener les cendres d’une morte à l’autre bout du monde. Voilà le pitch de ce roman à la langue incroyablement foisonnante, riche, poétique, extraordinaire. Moi qui ne gribouille, ne surligne, n’annote pas les livres, j’avais envie de conserver chaque phrase comme un joyau, comme un trésor. C’est drôle, c’est passionné, c’est tragique, c’est grandiose. Et très bien écrit. C’est dramatique et instructif dans une même phrase, l’auteur passant d’une réflexion triviale à une pensée philosophique, humaniste, écologique, poétique avec une grâce infinie. Une très belle découverte.

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Crédit illimité – Nicolas Rey (207 pages)

Quand on rencontre Nicolas Rey, même au travers d’un écran pour une rencontre Zoom, on est instantanément touché en plein cœur par son esprit gentil vif et drôle. Et par son charme. On a envie de lui dire qu’on l’aime. Le rapport avec mon retour de lecture ? Je fais ce que je veux, d’abord, si j’ai envie de dire à Nicolas Rey que je l’aime je le fais. Surtout que je lui dois un soupçon d’excuses, car si l’homme m’a toujours emballée (en tout bien tout honneur, il est fou amoureux, cœur inaccessible), son précédent ouvrage, en revanche m’avait laissée perplexe. Bien sûr, j’avais adoré son style faussement simple et fluide, son humour, mais l’histoire s’était dispersée pour me perdre en pleine forêt, dans une cabane, attachée, après m’être pris un bon coup sur la tête destiné à m’assassiner. Cette fois, tout est parfait. Nicolas Rey se met en scène sous les traits de Diego, fils à papa drogué, alcoolique et passablement fauché. Amoureux de sa psy, très déprimé, il va aller voir son père pour lui soutirer de l’argent. Ce dernier, chef d’entreprise richissime et implacable va lui proposer une grosse somme s’il prend la direction des ressources humaines d’une de ses usines pour licencier dix-sept personnes. Mais Diego, s’il a besoin de ce revenu, va écouter une à une les histoires de ces personnes qui vivent dans une région sinistrée, et il va imaginer un autre scénario. Comme toujours, l’écriture de Nicolas Rey est parfaite. Et cette fois, j’ai été embarquée de A à Z avec Diego. L’histoire est bourrée d’humour et de tendresse et le passage où il décrit des moments touchants avec son père est un retournement inattendu et merveilleux. Un très bon cru qui se dévore.

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Le parfum des cendres – Marie Mangez (236 pages )

Sylvain aurait dû être « nez » pour un grand parfumeur mais il est devenu thanatopracteur. Drôle d’idée. Alice papillonne dans la vie qu’elle veut toujours légère et a décidé sur un coup de tête de faire une thèse sur cet étrange métier, en suivant dans leur quotidien des gens qui l’exercent. Mais Sylvain ne se livre que très peu et ne facilite pas la tâche d’Alice.

Ce roman résolument moderne explore de façon originale nos cinq sens, en particulier l’odorat, tout en étant truffé de références musicales, de sensations, d’éléments visuels. Un hommage assumé au « parfum » de Süskind léger et grave à la fois, avec des expressions savoureusement imagées.

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Les Arpenteuses – Christiane Brunel (228 pages)

Quelle synchronicité ! Finir ce livre qui parle du coup d’état de Pinochet un 11 septembre, date anniversaire de ce jour funeste était un symbole fort, surtout que je n’avais aucune idée du thème avant de l’ouvrir.

Maria élève seule sa fille, Alma, vive et passionnée d’astronomie. Son père ? Mort. Maria enveloppe de mystère cette mort et tait à sa fille son histoire. Des couches de secrets enrobées de couches d’autres secrets, le livre raconte une période de l’histoire du Chili douloureuse. Et l’ensemble est plutôt réussi. On accroche à ces personnages réalistes et leurs histoires tragiques, malgré un style un tout petit peu trop scolaire. Un premier roman attachant et très bien documenté.

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Tableau final de l’amour – Larry Tremblay (200 pages)

Je ne peux pas dire que je suis une grande fan de la peinture de Francis Bacon. Je ne peux pas dire que je connais bien cet artiste que j’ai à peu près découvert par hasard cet été en visitant le musée de Dublin où son atelier, véritable foutoir chaotique (il disait ne pouvoir créer que dans le chaos) a été déménagé de Londres pour être reproduit à l’identique. Sa peinture, violente et torturée ne me parle pas beaucoup.

Mais ce livre, pourtant pur roman, inspiré de la vie de l’artiste, nous apporte un éclairage sur son processus créatif très intéressant. L’auteur, bien documenté, imagine une version crédible du cheminement intellectuel du peintre. Tout en gardant la conscience et donc la distance nécessaire sur l’aspect biographique, j’ai l’impression de mieux comprendre cette œuvre difficile. Une vraie réussite.

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La dame d’Alexandrie – Yasmine Khlat (116 pages)

Je suppose que ceux qui auront aimé auront trouvé ce texte beau, éthéré et poétique. Je dois avouer être passée à côté du côté beau, éthéré et poétique. Le scénario est digne d’une série télévisée française, pas vraiment crédible, à l’ambiance lourde de non dits et de sous entendus qui m’ont mise mal à l’aise. Et le style rose poudré m’a semblé trop rose et pas assez poudré.
Cela dit, si je reconnais que ce n’est pas pour moi, je peux comprendre ceux qui se seront laissés bercer par ce court roman.

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La confusion des sentiments – Stefan Zweig traduit de l’allemand par Olivier Mannoni (165 pages)

A une époque où l’homosexualité était interdite et réprimée dans la plupart des pays, et même quelques années plus tard, punie de déportation, écrire un roman sur un notable homosexuel était sûrement très osé, révolutionnaire et audacieux.  

Aujourd’hui, cette histoire de prof amoureux de son élève et marié par convention semble un peu désuète pour un public moderne. Pour autant, le style de Zweig nous emporte dans son histoire et nous brosse un tableau de la jeunesse allemande des années 20. Et ce petit classique reste un bijou d’écriture.