Avant que les ombres s’effacent – Louis-Philippe Dalembert (440 pages)

Louis-Philippe Dalembert - Avant que les ombres s'effacent

L’avant-dernier roman de la sélection du prix j’ai lu, j’élis est encore une très belle surprise. Historiquement, déjà, j’ai découvert que Haïti a été une terre d’accueil pour les juifs pendant la deuxième guerre mondiale mais globalement une terre d’accueil pour tous les peuples persécutés. Pourtant, dieu sait que j’ai longtemps été abreuvée par mon grand-père (paix à son âme) de littérature diverse et variée à ce sujet…

On suit donc cette famille, les Schwartzberg, de Lodz (quelle coincidence, la ville natale de mon grand-père) à Berlin puis l’éclatement entre Israël, New York, Cuba, Paris et Port-au-prince. Un humour juif et une saga familiale, des personnages hauts en couleurs, le tout mâtiné de vaudou, on en sort envoûté et séduit. Truculent.

La guerre n’a pas un visage de femme – Svetlana Alexievitch (412 pages)

Svetlana Alexievitch - La guerre n'a pas un visage de femme

Svetlana Alexievitch a été récompensée du prix Nobel en 2015 pour l’ensemble de son oeuvre. Globalement – et malheureusement – c’est passé totalement inaperçu.

Ce livre relate l’histoire de milliers de femmes dont le courage, la bravoure et l’héroïsme sont passés totalement inaperçus aussi. La deuxième guerre mondiale s’est terminée il y a plus de 70 ans, mais l’émotion nous submerge immanquablement. Ces femmes racontent les horreurs de la guerre, et aussi la prévenance dont elles ont fait preuve de la part de leurs collègues masculins. Leur haine de l’ennemi, l’amour de la patrie qui les ont toutes fait s’engager entre 16 et 20 ans, à peine sortie de l’enfance. Elle parlent car elles ont survécu, mais elles évoquent ceux et celles qui n’ont pas eu leur chance. Elles parlent d’amour, de maternité, de fleurs, de faim et de froid; de compassion, de fierté, de honte.

Puis, les Russes, après la victoire, ont dû vivre d’autres tourments : Staline ne supportait pas ceux qui avaient participé à reconquérir les terres occupées, ceux qui avaient été à l’Ouest, pour beaucoup, à leur retour, au lieu d’être considérés comme des héros, ils furent envoyés aux camps. Les femmes racontent les humiliations après la guerre, car elles étaient mal vues. Les héroïnes devenaient des parias. Elles racontent les blessures, les séquelles. Elles racontent qu’elles étaient parfois des filles à maman, et qu’elles se sont battues, dans l’enfer. Certaines expliquent qu’elles ne supportaient plus la vue du rouge, la vue de la viande. Elles narrent l’épuisement.

Svetlana Alexievitch a passé 7 ans à les interviewer, et à retranscrire leurs histoires. Un grand coup de poing, des larmes aux yeux, mais toujours toujours, l’espoir et l’envie de vivre. Magnifique.

Un bon garçon – Paul Mc Veigh (340 pages)

Paul McVeigh - Un bon garçon

Oh la la, déjà presque un mois que je n’ai pas publié!! En fait, c’est juste que je n’ai pas tellement eu le temps de mettre ma page à jour.

Encore un livre sur l’Irlande en guerre, à la frontière entre les Anglais et les Irlandais, et cette fois, c’est un jeune garçon de dix ans dont on raconte l’histoire. Plus intelligent que les autres, mais aussi plus sensible, et né dans une famille de 4 enfants dont le père, alcoolique, vole les maigres revenus que la mère s’échine à gagner. Cette pauvreté l’empêche de pouvoir entrer dans le collège St Malachy’s où il a été admis. Faute de moyens, il ira comme tout le monde à St Gabriels. Pour lui, c’était l’opportunité de sortir de sa condition, des quolibets, et des maltraitances. C’est un livre assez dur sur le fond, mais ce petit garçon est si attachant qu’on a envie qu’il s’en sorte. Premiers émois amoureux, débrouillardise, IRA, tout se mélange dans ce roman.

La Parole de Fergus – Siobhan Dowd (337 pages)

Siobhan Dowd - La parole de Fergus

Ecrit à l’origine pour la jeunesse, ce livre parle avec beaucoup de délicatesse de la guerre d’Irlande, vue par un jeune homme qui préférerait se concentrer sur ses études et son nouvel amour que sur la grève de la faim de son frère. Il sympathise avec un jeune soldat « ennemi ». Il a l’intelligence de se dire que ce garçon est un garçon comme lui, qu’ils pourraient être vraiment amis dans d’autres circonstances. Il découvre un corps dans la tourbe, très bien conservé, qui date en réalité de plusieurs centaines d’années.

L’histoire de cette jeune fille est présentée en filigrane pour expliquer une autre partie troublée de l’histoire d’Irlande, et ses martyrs volontaires. Prévert aurait bien résumé : Quelle connerie la guerre!