Bon, une fois n’est pas coutume, je vous livre un ouvrage un peu plus récent. Le prix Renaudot de cette année a été attribué à Olivier Guez pour « la disparition de Josef Mengele ». Ce roman s’appuie sur des faits bien réels puisqu’il s’agit de la vie de Mengele après sa fuite en Argentine, puis au Paraguay, et qui se termine, en 1979 au Brésil. Pendant tout ce temps, l’ange de la mort a échappé à toutes les instances internationales qui l’ont cherché, parfois avec beaucoup de véhémence et d’assiduité, parfois moins.
Ce qui est morbidement fascinant dans ce livre, c’est le déploiement colossal de fortunes et de réseaux pour éviter à ce nazi acharné de faire face à son histoire et à son destin. On se doute bien que le nazisme n’a pas disparu sitôt Hitler suicidé. On constate d’ailleurs un peu partout en Europe des relents de nationalismes et les extrême droites qui remontent dans les scrutins. Toutes les questions qui sont soulevées autour de l’histoire de ce médecin malfaisant sont aussi fascinantes : pourquoi d’autres médecins de camps n’ont pas été inquiétés après la guerre, pourquoi les industries qui se sont enrichies sur le dos des expériences réalisées n’ont pas eu à répondre de leurs actes?
C’est très intéressant, on peut peut-être juste regretter qu’en plus de la bibliographie foisonnante dont il s’est inspiré, l’auteur n’ait pas mentionné quelle est la part inventée de son récit, car il restera toujours une zone d’ombre. Personnellement, c’est le fond qui m’a totalement absorbée. Le style est plutôt plat, même si ça se lit très vite. Mais le fond se suffit à lui-même et c’est tellement passionnant que le livre vaut d’être lu.