Je passe d’un prix des lecteurs à l’autre en revenant cette fois au prix des lecteurs j’ai lu, j’élis avec le 8ème roman de la sélection. Si vous êtes vegan, ou même seulement végétarien, passez votre chemin, je ne suis pas sûre que ça ne vous donne pas des envies d’action musclées contre des abattoirs. Si vous êtes carnivores, vous aurez ensuite envie de légumes, pendant un moment.
Erwann est en prison et il a travaillé pendant quinze ans dans un abattoir, dans les frigos. Le métier est dur, parce qu’il fait froid, parce qu’il est sale, parce qu’il y a du sang partout. Mais surtout, Erwann n’a jamais aimé ça, tuer des bêtes à la chaîne, et plus le temps passe, et plus sa vie sociale se délite, et plus il le vit mal. Il finit même par imaginer que l’odeur lui colle tellement à la peau qu’aucune fille ne voudra jamais de lui. Tellement qu’un jour, il commet l’irréparable.
Et de sa prison, de sa solitude, de son attente silencieuse, il se remémore les années passées, et celles qu’il aura peut-être la chance de vivre lorsqu’il sortira. Comment en est-il arrivé là? Pourquoi a-t-il disjoncté? Au delà de l’histoire, Timothée Demeillers nous oppose la viande en barquette, la vie aseptisée de la télévision et des publicités, toutes ses façades qui engendrent la grande consommation à la réalité qui se cache derrière, la misère humaine, la solitude, la vie d’ouvrier. Ce livre donne envie de moins consommer et de sauver la planète. Ecoeurant.