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Vincent Crouzet

Après avoir travaillé pendant vingt ans pour la DGSE, où il a couvert des terrains compliqués comme l’Angola, le Mozambique ou le Congo, il s’est mis à l’écriture de romans d’espionnage (ses maîtres étant les grands du genre, les Britanniques Ian Flemming, Graham Greene ou John Le Carré). A ce jour, il a écrit sept romans pour adultes, deux recueils de nouvelles pour ados (Mad Froggy, Mad l’Africain – Thierry Magnier), et un document (« Une Affaire Atomique » / Robert Laffont) qui fait partie des pièces à conviction de l’affaire Areva-UraMin dont il est l’un des témoins. Vincent me fait l’honneur de participer à son tour à ma rubrique un auteur, trois livres, et je suis ravie de redémarrer la saison avec lui.

Quel est le livre qui a marqué ton enfance ou ta jeunesse ?

« Le dernier des Mohicans » de Fenimore Cooper. C’est un roman d’action extraordinaire mettant en jeu au XVIIIème siècle l’affrontement en Amérique du Nord entre les tribus indiennes engagées soit dans le camp anglais, soit dans le camp français. Déjà, les « grandes puissances » instrumentalisaient dans les conflits les peuples locaux. J’ai finalement retrouvé cette situation en Afrique australe, avec la fin de la guerre froide, où Américains, Anglais et Français affrontaient les Russes par nations interposées comme en Angola ou bien au Mozambique. L’action se déroule dans une nature sauvage et hostile, que j’ai aussi traversée pendant plus de vingt années sur le terrain africain. Et si “Le dernier des Mohicans”, finalement, avait été un livre précurseur ? Le hasard fait décidément bien les choses : j’ai appris assez tard, aussi, que Fenimore Cooper avait été le premier romancier d’espionnage, avec son roman « L’espion » (« The Spy »), écrit en 1821, et portant, là encore sur la guerre d’indépendance américaine. Un autre roman a joué un rôle majeur, c’est « Fin de siècle », de Jean-Edern Hallier, mon premier livre d’« adulte » , qui m’a vraiment donné l’envie du voyage, et celle de l’écriture. 

Quel est ton classique de chevet ?

« Citadelle », d’Antoine de Saint-Exupéry. C’est écrit comme un nouveau testament, mais c’est celui d’un roi évoquant ses soldats, ses courtisanes, ses amours, son peuple, sa citadelle, et le désert qui l’entoure. C’est un texte sublime, nocturne, humaniste et naturaliste, universaliste. Le dernier texte écrit par Saint-Ex avant sa disparition. Je peux m’y plonger à n’importe laquelle des pages, et y trouver sens à méditation, ou contemplation. 

Quel est le livre que  tu n’as jamais terminé ?

C’est rare que je ne termine pas un livre entamé. Mais mon dernier abandon est récent : le dernier Ellroy, « La tempête qui vient ». Comme beaucoup, j’ai longtemps été fasciné par l’oeuvre d’Ellroy. Je ne crois pas trop au storytelling de l’écrivain qui crée dans sa cave décrépie avec sa vieille machine à écrire, et son chien tout aussi vieux, mais tout ça, avec la légende de L.A et la propre histoire d’Ellroy participait à un ensemble cohérent, permettant la remontée des temps violents. La trilogie dite « américaine » était déjà laborieuse pour le lecteur. Je comprends le plaisir qu’a pris l’écrivain, enfermé avec ses personnages, ses silhouettes, ou plutôt ses ombres, et surtout ses mythologies. Cependant, parfois le lecteur, même averti, ne suit plus. « La tempête qui vient » n’est jamais venue. On n’y comprend plus rien – ou du moins je n’y comprends plus rien – Ellroy poussant ses tics et ses obsessions littéraires à l’extrême. Et m’obligeant à m’avouer : « Je deviens vieux, et Ellroy, aussi, tout ça n’aide pas à la sauce… ». Cela demeure donc réservé à son dernier carré de fidèles… 

Bibliographie

Romans adultes

  • Vesper  (Robert Laffont, 2020)
  • Retex (Le Passeur, coll. « Rives Noires », 2017) 
  • Radioactif (Éditions Belfond, coll. « Domaine Français – Policiers », 2014)
  • Le Seigneur d’Anvers (Flammarion, 2009)
  • Villa Nirvana (Flammarion, 2007)
  • Rouge intense (Albin Michel, 2005 ; Librairie générale française, 2007)
  • La Tête du cobra (Albin Michel, 2003 ; Librairie générale française, 2006)

Documentaire

  • Une affaire atomique : UraMin/Areva, l’hallucinante saga d’un scandale d’État, (Robert Laffont, 2017)

Romans jeunesse

  • Mad Froggy (Thierry Magnier, 2010)
  • Mad l’Africain (Thierry Magnier, 2012)

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