Galerie

Même les cow-girls ont du vague à l’âme – Tom Robbins Traduit de l’anglais (Etats-unis) par Philippe Mikriammos (442 pages)

Sissy est magnifique, elle ressemble un peu à Grace Kelly. Mais elle est née avec des pouces immenses. Tout le monde veut lui faire comprendre que c’est une difformité, mais elle décide, dès l’enfance d’en faire son principal atout.

Un ovni littéraire. Un objet curieux qu’on regarde avec défiance comme on regarde les pouces de Sissy, étranges, démesurés, hors norme. Ce livre est une ode à la différence, et au droit de réaliser ses rêves. Ce livre est un hommage aux femmes. Ce livre trouve de la beauté là où elle n’est pas évidente à voir. Ce livre est un livre LGBT écrit à une époque où cet acronyme n’existait pas. Ce livre est un livre à forte connotation sexuelle. Ce livre est complètement barré. Ce livre s’adresse à vous directement, comme si vous étiez au-dessus de l’épaule de l’auteur et qu’il vous adressait directement ses remarques pendant qu’il écrit.

C’est drôle, c’est philosophique, c’est dense. Quand vous le lisez, vous menez un combat contre l’auteur, contre le livre objet, contre vous-même. Et au bout de tous ces uppercuts que vous n’avez pas pu éviter, et qui vous laissent pantelants, vous refermez le bouquin en vous disant : wouah !

Galerie

Mon chien stupide – John Fante Traduit de l’anglais (Etats-unis) par Brice Matthieussent (188 pages)

Brice Matthieussent n’a pas son pareil pour révéler l’humour des ouvrages qu’il traduit. Mon chien Stupide n’échappe pas à la règle. 

Molise est un écrivain en berne qui survit grâce à des scénarii de télévision. Sa vie le déprime énormément, les signes extérieurs de richesse qu’il essaye tant bien que mal de maintenir ne le rendent pas heureux et il aimerait assez se débarrasser de ses quatre enfants, tous adultes, qu’il considère comme des parasites encombrants et ingrats. 

Un soir de forte pluie, un chien élit domicile chez lui, au grand dam de son épouse. Ce chien est tellement bête que tout le monde s’accorde à l’appeler Stupide. Sous une apparente placidité, ce chien va se révéler être un obsédé homosexuel, prêt à s’attaquer à tout ce qui bouge, et devenir agressif si on essaye de le contrer.

John Fante s’attaque à des mythes du rêve américain : belle maison, belle voiture, mais surtout une bonne couche de vernis pour masquer la misère de l’ensemble. Doit-on continuer à sauver les apparences, ou bien vivre ses rêves et ses envies d’ailleurs ? Cru et désabusé.

Galerie

Hollywood Zéro – Dominique Forma (254 pages)

Un voleur qui abhorre la violence physique doit précipitamment partir pour Los Angeles afin de fuir des créanciers qui veulent sa peau. Il se retrouve entre une vieille connaissance qui lui a proposé de l’aider dans des arnaques à la réalisation de films et d’une bombe sexuelle à la Jessica Rabbit. Dominique Forma décortique au vitriol et à l’alcool fort les mécanismes d’un monde de totale superficialité. Humour noir pour roman noir, on oscille sur des talons aiguilles entre nausée et fous rires. Ambiance adrénaline éthylique.

Galerie

Le gang de la clé à molette – Edward Abbey Traduit de l’anglais (Etats-unis) par Jacques Mailhos (552 pages)

Quatre personnes que rien ne prédisposait à se rencontrer, décident de protester contre l’urbanisation et la destruction de l’environnement du désert entre le Colorado, l’Utah, le Nevada et l’Arizona, ainsi que de son majestueux fleuve par des sabotages de bulldozers sur les chantiers de construction des routes et des ponts. 

Parfois c’est très drôle, on éclate franchement de rire. Par moment, on se perd un peu dans les descriptions techniques des engins de chantiers. 

Ce livre est l’histoire d’une longue cavale et d’une longue traque. L’histoire est politiquement incorrecte, crue, parfois absurde. Mais on comprend que cet écrivain, qui s’est fait enterrer dans un lieu secret de ce même désert, ait tenté avec son arme, l’écriture, de s’opposer aux aberrations écologiques créées par les hommes dans cette partie sauvage du monde. Un Panthéon de la littérature américaine qu’il faut absolument avoir lu.

Galerie

La Trilogie du Mal – Michel Montheillet / Maxime Chattam (156 pages)

Je découvre Maxime Chattam par les dessins de Michel Montheillet. Comment découvrir mieux un auteur que par des dessins aussi sublimes ? Car Michel Montheillet a ce don incroyable de faire passer toutes les émotions au travers des personnages. Ces dessins sont vivants et vibrants. 

Je sais de source sûre (dans la préface rédigée par Maxime Chattam, pour être précise) que le dessinateur est allé sur place pour prendre en photo les plans et les perspectives de la ville de Portland qui apparaît sous son apparence véritable, un incroyable travail. Les images de paysages et de la ville sont époustouflants.

Cela dit, visuellement, il s’agit également d’une BD qui met en scène les crimes d’un tueur en série particulièrement violent. Certains dessins ne conviennent donc pas aux âmes sensibles.

Les amateurs du genre en revanche seront servis, je conseille d’ailleurs à tous les fans de Maxime Chattam de passer par la case Michel Montheillet. Personnellement, j’ai eu du mal à lâcher les aventures du bel inspecteur Brolin.

La cicatrice – Bruce Lowery (122 pages)

Comme je me suis lancée dans le challenge du confiné, et que dans la liste, on doit lire un titre de moins de 150 pages, je me suis dit que la cicatrice, qui est dans ma PAL depuis longtemps, méritait qu’on s’y attarde. Je ne sais pas si c’est le confinement qui me rend sensible comme ça, mais j’ai pleuré à chaudes larmes sur ce petit opus écrit en 1960 en français par cet auteur américain. Cet ouvrage est du reste son livre le plus connu. 

L’histoire est celle d’un enfant qui a une cicatrice due à un bec de lièvre que ses parents lui ont caché. Depuis toujours, ils prétextent un accident.

En 120 pages, l’auteur nous montre un pan de vie aux Etats-Unis en 1944, définit la difficulté d’être un enfant rejeté, évoque l’amitié et la fraternité, leurs travers, la honte, la peur, la trahison et aussi l’amour.

Enfin, bref, j’ai pleuré.