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Lëd – Caryl Ferey (524 pages)

Quand on lit Caryl Ferey, on n’est pas loin de perdre foi en l’humanité. Il faut dire qu’il s’attaque à des sujets apocalyptiques. Sur fond de conglomérat sibérien détenu par un oligarque, deux cadavres que rien ne semble relier sont retrouvés, gelés. C’est sans compter sur la ténacité de Boris Ivanov qui va enquêter avec patience et minutie, convaincu que les deux affaires sont liées. L’auteur décrit une Russie catastrophique.

On sait la mégalomanie débridée de son chef d’État et ses méthodes tout droit sorties de sa propre expérience au KGB, la police secrète pire que sous Staline, le passé glorifié, la volonté de suprématie slave, le nationalisme basé sur la force, la virilité exacerbée au détriment des minorités. Le roman nous montre des facettes que j’ignorais , la dolia, le destin, des éléments terrifiants sur la guerre d’Afghanistan (une guerre, c’est toujours effroyable, mais on ne s’attend pas à être maltraité par ses propres compatriotes). Un roman noir, très noir, avec des personnages attachants, très attachants car le romancier sait aussi toujours faire pousser quelques fleurs dans la pollution et le froid, même si ce sont des fleurs de glace. Une intrigue redoutablement efficace assortie d’une recherche très documentée et implacable.

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Dans la tête de Sherlock Holmes T2 – Cyril Liéron et Benoît Dahan (50 pages)

J’ai enfin eu la fin de l’histoire. On y (re)découvre un pan peu reluisant de l’histoire de l’Angleterre qui a maintenu la Chine sous emprise grâce à l’opium. Intéressant et toujours animé de petites astuces visuelles, j’ai néanmoins trouvé ce tome un peu plus dispersé et brouillon que le précédent, bien qu’indispensable pour connaître les tenants et les aboutissants de cette fameuse affaire du ticket scandaleux.

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Dans la tête de Sherlock Holmes – Cyril Liéron et Benoît Dahan (50 pages)

Beaucoup vue sur les réseaux, j’ai moi-même été séduite par la construction originale de cette BD, pour grands et petits. Une enquête de Sherlock Holmes est montrée du point de vue de son cerveau, avec ses rouages et ses réflexions systématiques. On navigue dans sa tête, qui enregistre et détaille les indices, les classe, les utilise, les ressort selon les besoins de l’enquête. Malheureusement, il me manque la fin de l’histoire qui fait l’objet d’un deuxième tome. On devient accro comme Sherlock à ses drogues et j’ai hâte de me procurer ce deuxième tome. Les dessins et le scénario forment un tout harmonieux où l’on sent la complicité du scénariste et de l’illustrateur.

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Au cinquième étage de la faculté de droit – Christos Markogiannakis traduit du grec par Anne-Laure Brisac (282 pages)

J’aime bien lire un auteur dans l’ordre de ses écrits. Parce que la plupart du temps, la plume évolue, et j’aime suivre cette évolution de l’écriture. J’ai donc démarré avec ce premier roman de Christos Markogiannakis. Cet écrivain est avocat et a suivi des cours de criminologie en France. Autant vous dire qu’il connaît son sujet.

Deux cadavres sont trouvés au cinquième étage de la faculté de droit d’Athènes. Le capitaine Markou, qui a lui-même été élève de cette université est chargé de l’enquête. Il découvre que l’ambiance y est délétère, étouffante, insupportable. Qui va donc regretter cette professeure acariâtre ? Mais que faisait ce jeune doctorant aimé de tous qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ?

L’enquête est pleine de rebondissements, et la fin est un hommage réussi à Agatha Christie dont l’auteur est un fervent admirateur. Pour les fans de la grande dame du roman policier, ne passez pas à côté. Un polar bien ficelé qui donne envie de lire la suite des aventures du capitaine Markou.

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Le Cercle de Dinas Bran – Sophia Raymond (378 pages)

J’ai découvert Sophia Raymond grâce au challenge Bloody Fleury et son haletant Cercle de Caïn, où elle élaborait une intrigue autour de la découverte de la momie Ötzi. Je viens de terminer ce qui est en réalité son premier roman, où elle mêle une intrigue bien ficelée autour des thèmes de l’EMI (expérience de mort imminente) et les tsunamis de 1755 au large de Lisbonne qui détruisit complètement la ville, et celui de 2004 qui fit plus de 200000 morts en Thaïlande. 

Will est envoyé pour un reportage sur un colloque sur les EMI à Paris, un phénomène qui le laisse sceptique. Mais il découvre que toutes les expériences ne sont pas positives et que certaines personnes ont des visions plutôt d’enfer que de paradis. En cherchant à creuser davantage cet aspect, il va se trouver embarqué dans une histoire plus personnelle qu’il ne l’aurait crû.

Déjà à l’époque, l’autrice s’inspirait de faits historiques pour ciseler une histoire entre Da Vinci Code et Les aventuriers de l’Arche perdue. Un incroyable premier roman qui se lit d’une traite. 

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Black Cocaïne – Laurent Guillaume (280 pages)

Vous cherchez un bon polar pour cette période de canicule ? Vous ne serez pas dépaysés avec Black cocaïne. L’ambiance chaude et moite de Bamako précède des passages dans le Sahel, brûlant et sec.

Un détective métis, ancien flic français, reçoit une très belle jeune femme qui lui demande de faire sortir sa sœur de prison, tombée pour transport de drogue. Rapidement, l’enquête se complique. Les donneurs d’ordre de la mule en question ne seraient-ils pas plus gros que prévus ?

Une intrigue bien ficelée par un auteur qui connaît bien cette région du monde, on se laisse entraîner à la suite de ce héros désabusé.

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Hollywood Zéro – Dominique Forma (254 pages)

Un voleur qui abhorre la violence physique doit précipitamment partir pour Los Angeles afin de fuir des créanciers qui veulent sa peau. Il se retrouve entre une vieille connaissance qui lui a proposé de l’aider dans des arnaques à la réalisation de films et d’une bombe sexuelle à la Jessica Rabbit. Dominique Forma décortique au vitriol et à l’alcool fort les mécanismes d’un monde de totale superficialité. Humour noir pour roman noir, on oscille sur des talons aiguilles entre nausée et fous rires. Ambiance adrénaline éthylique.

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Les chevelues – Benoît Séverac (232 pages)

Au pied des Pyrénées, les Romains ont vaincu les Convènes et se sont installés peu à peu à Lugdunum Convenarum, où il règne un équilibre d’autant plus stable que le quatuorvirat qui dirige la cité est composé de trois Romains et un Convène. Mais cet équilibre se révèle fragile, lorsqu’il vole en éclats avec l’assassinat du fils de la famille la plus riche de la ville, un glaive gaulois planté dans le bas du dos. Qui donc a bien pu commettre un crime aussi odieux ? Et pour quelle raison ? 

Le centurion Valerius Falco va devoir mener sa délicate enquête compte tenu des enjeux politiques.

Premier roman de Benoît Séverac, réédité aux éditions 10/18, cette plongée dans la civilisation gallo romaine est très intéressante, truffée d’indications sur l’organisation et les modes de vie de l’époque. Au demeurant, l’intrigue est bien ficelée et nous tient en haleine de bout en bout. Un petit polar historique original qui vaut le détour.

Requiem pour un fou – Stanislas Petrosky (222 pages)

Cet opus est le quatrième tome de l’histoire de Requiem, ce prêtre exorciste, membre des services secrets du Vatican,amoureux des femmes, de la bière et du whisky, un peu branleur, un peu hâbleur, un peu menteur, mais c’est un vrai pur au fond. Un véritable humaniste, un justicier, un homme de coeur qui a ses petits arrangements avec l’éternel lorsqu’il dérape. Cette fois, un fou s’en prend à des SDF pour les assassiner en les mettant en scène  de façon macabre et mystique.

Avec des dialogues à la Audiard et des clins d’oeil à son éditrice, à ses potes (moi aussi j’adore Jacques Saussey), à ses bons plans restos, à ses coups de coeur dans la vie, à sa propre publicité (c’est comme ça que j’ai su qu’il me manquait les trois premiers tomes), à son public, on se marre et on se prend au jeu de son roman interactif, où on est sans cesse pris à partie. On est happé par l’histoire, et le suspens nous tient en haleine jusqu’au dénouement.

Pyongyang 1071 – Jacky Schwartzmann (185 pages)

Paulsen, éditeur spécialisé dans les voyages et le sport a eu l’idée saugrenue d’envoyer des écrivains réaliser des épreuves sportives un peu extrêmes dans des situations inhabituelles.

Ainsi a vu le jour le périple de Jacky Schwartzmann en Corée du Nord pour y effectuer un Marathon.

Jacky Schwartzmann a un don particulier : celui de vous donner l’impression d’être avec lui pendant qu’il vit son épreuve, son entraînement, son voyage. On a envie d’être pote avec lui, parce qu’on se reconnaît dans ses réactions, et qu’on se dit qu’on se serait marré avec lui, qu’on aurait eu peur en même temps, qu’on aurait souffert de la même manière. Avec l’humour qui le caractérise, et qu’on retrouve dans ses autres romans, on le suit dans cette épopée Nord Coréenne en se disant, comme lui, qu’on n’y retournera jamais. Dépaysant.