Benoît Séverac a grandi aux pieds des Pyrénées et il est devenu toulousain à l’âge de 18 ans. Il a été tour à tour guitariste-chanteur, comédien, ouvrier saisonnier agricole, gardien de brebis sur le Larzac, restaurateur de monuments funéraires, professeur de judo, photographe dans l’armée de l’air, serveur en Angleterre, clarinettiste dans un big band de jazz puis cofondateur d’une fanfare rock-latino-jazz… Il s’est formé à la dégustation de vin en Alsace, est diplômé du Wine and Spirit Education Trust de Londres et il enseigne aujourd’hui l’anglais à l’école vétérinaire de Toulouse ainsi qu’au Diplôme National d’œnologie. Il a cofondé avec Victor del Arbol et Gildas Girodeau les Molars (association internationale des motards du polar).
Il publie à la fois des romans noirs et policiers pour les adultes à La Manufacture de Livres (repris chez Pocket en format de poche) et pour les ados chez Syros.
Ses dernières parutions sont Le jour où mon père a disparu, un roman noir ado aux éditions Syros (janvier 2020) et Tuer le fils, un roman policier aux éditions de La Manufacture de Livres (février 2020). Son Rendez-vous au 10 avril est un roman qui utilise le polar comme prétexte pour explorer les traumatismes des survivants de la première guerre mondiale. Les chevelues se déroule aux temps de la Gaule romaine. Son prochain roman, écrit en Oklahoma chez les Indiens Osages à quatre mains avec Hervé Jubert et qui a pour titre provisoire Skiatook Lake paraîtra aux éditions Le Passage en mars ou avril 2021.
Quel est le livre qui a marqué ton enfance ou ta jeunesse ?
J’avais 8 ans : L’appel de la forêt de Jack London. Une grande claque. Un roman qui contient tout : l’esprit d’aventure, la découverte et le dépassement de soi, la confrontation de l’Homme à la nature, de l’Homme à l’Homme, la lutte entre éducation et instinct, la transgression et l’affranchissement de la morale… Aujourd’hui, après l’avoir relu plusieurs fois à différents moments de ma vie (adolescence, jeune adulte etc.), je comprends pourquoi il m’a marqué. Même si, à huit ans, je n’en ai pas saisi toute la portée, j’ai senti que j’avais affaire à quelque chose de majeur. Ce roman me fait aussi comprendre pourquoi j’écris comme j’écris. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne me compare pas à Jack London ! Mais on écrit comme on aime lire, finalement ; des tas de choses s’expliquent chez un écrivain à travers le prisme de ses lectures.
Quel est ton classique absolu ?
Question très difficile. La réponse est périlleuse, parce que choisir, c’est exclure. Mais puisqu’il en faut un… Barry Lyndon de William Thackeray. Pour la construction (comme un road movie, finalement), la langue, le rythme et l’étude humaine. Il y a dans le roman picaresque un souffle, un élan, que j’aime retrouver dans les romans contemporains.
Sans les comparer, je mettrais ce roman au même niveau que Le hussard sur le toit de Giono.
Je me rends compte qu’avec L’appel de la forêt, on est toujours dans le schéma « aventure, étude psychologique, drame humain ». J’y étais sensible à un très jeune âge ; cela ne m’a pas quitté, visiblement.
Quel est le livre que tu n’as jamais terminé ?
Under the volcano de Malcom Lowry. Trop déstructuré. C’est à cette occasion que je me suis rendu compte que je n’avais aucun pouvoir d’abstraction et que j’étais au fond un lecteur (et un écrivain) très linéaire, très rationnel, qui n’aimait pas (ou ne saisissait pas) les allers-retours, les touches pointillistes, les aberrations à qui seules les associations d’idées peuvent donner un sens… La poésie pour la poésie, je n’y arrive pas. Il faut que la poésie raconte une histoire. Je suis conscient que Lowry en a raconté une, mais je n’en ai pas identifié le récit.
Pour moi, Under the volcano s’apparente à du free jazz. Je comprends le plaisir que le musicien peut en tirer, l’état de transe dans lequel le travail du son pur peut mettre le musicien, mais en tant qu’auditeur, je me sens exclu de la performance.
Bibliographie
Romans adultes
- Les Chevelues (Tme 2007, 10-18 Grands Détectives 2019)
- Rendez-vous au 10 avril (Tme 2009, Pocket 2018)
- Arrête tes six magrets (Baleine 2015 collection Le Poulpe)
- On peut pas faire ça à Guy Novès (Court Circuit 2016)
- Trafics (La manufacture de livres 2016 sous le titre de Le Chien arabe, Pocket 2017)
- 115 (La manufacture de livres 2017, Pocket 2019)
- Wazhazhe co-écrit avec Hervé Jubert. (Éditions Le Passage 2018)
- Tuer le fils (La Manufacture de Livre 2020)
Romans jeunesse
- Silence (Syros 2011)
- Le garçon de l’intérieur (Syros 2013)
- L’homme-qui-dessine (Syros 2014)
- Little sister (Syros 2016)
- Une caracane en hiver (Syros 2018)
- Le jour où mon père à disparu (Syros 2020)
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