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Les impatientes – Djaili Amal Amadou (240 pages)

Les lycéens ont décidément bon goût. Avec ce Goncourt, ils le démontrent une nouvelle fois. Rencontrée lors d’un VLEEL, Djaili Amal Amadou est la joie de vivre incarnée. Pourtant, dans son roman, elle nous explique que les filles n’ont pas voix au chapitre. Ce que pense une fille n’a aucune importance. Munyal munyal… Patience ma fille, patience. Voilà ce qu’on répète inlassablement aux filles Peules. Le poids de leur culture est terriblement pesant. La religion est venue ajouter sa couche. On brandit le Coran à tout bout de champ pour imposer la volonté des pères, des oncles, des frères sous couvert de la volonté d’Allah.Pour éviter à leurs mères d’être répudiées avec leurs enfants les plus petits, les filles se laissent marier à des hommes qu’elles n’ont pas choisi. L’hypocrisie et la trahison règnent en maître dans ces concessions. Les femmes attendent que leurs rivales tombent, elles ne se gênent pas pour leur faire des croche-pieds pour se mettre en avant et être la préférée de l’époux qu’on leur a choisi.

Au travers de trois destins bien différents (Ramla, la jolie adolescente qui veut devenir pharmacienne, Hindou, sa demi-soeur mariée le même jour à un cousin violent, bon à rien et buveur et Safira, la première épouse de l’homme qui a décidé de prendre Ramla en secondes noces), on verra que la patience a parfois des failles.

Personnellement, j’ai trouvé ce livre indispensable et terrifiant, même si son autrice a une telle foi en l’avenir et dans le rôle que les femmes ont à jouer qu’on doit l’aider à mettre en œuvre cette lueur d’espoir.

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Abyssinia I – Alexandre Page (500 pages)

Partez à l’aventure avec une délégation russe à la toute fin du 19ème siècle qui voyage de Saint-Pétersbourg jusqu’en Abyssinie pour aider les Ethiopiens à conquérir leur territoire ! Avec son style qui se cale complètement sur l’époque et l’histoire, Alexandre Page nous fait prendre le train jusqu’à Odessa, puis le bateau jusqu’au Caire et pour descendre le Nil et traverse ensuite déserts, montagnes et plaines pour aller au lac Rudolph, lieu de toutes les convoitises. Vous marcherez dans les pas des tout premiers explorateurs de cette région aux paysages, à la faune et la flore superbes.

Dans une civilisation où nous passons notre temps à courir après le temps, apprenons à nouveau à déambuler sur des mules qui marchent au pas, et à découvrir des civilisations et des cultures inconnues. Le roman est comme toujours truffé de photos et de croquis du véritable voyage qui illustrent d’autant mieux le propos. Un voyage pour le moins dense, intense et dépaysant.

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Camarade Papa – Gauz (252 pages)

Depuis la rencontre avec Gauz dans “Varions les éditions en live”, où j’ai découvert sa verve poétique, je ne cesse d’en faire l’éloge. Camarade Papa ne fait pas exception à la règle. Un peu comme Giono, Gauz est un auteur difficile à chroniquer. Comment faire ressortir toute la magie de son langage sans le déflorer ? Il est impossible à catégoriser, c’est un auteur vraiment à part.

Nous suivons ici en parallèle Maxime Dabilly, jeune homme de la fin du 19ème siècle qui part à l’aventure de la conquête de l’Afrique et un petit garçon du vingtième siècle, dont le père communiste lui en inculque des théories. Gauz réinvente la langue française en utilisant des artifices poétiques et drôles pour traduire la parole de l’enfant. Il évoque la condition des blancs en Afrique, les maladies, le climat qui les tuent, le découpage des territoires signé avec des croix, bétonnés par des commerces qui sont des doubles jeux de dupes, les amitiés, les inimitiés entre les Français et les Anglais. 

Quel travail d’écriture incroyable ! Quelle richesse dans le vocabulaire !  Quel boulot d’historien ! Tout ce travail amène une fluidité absolue et l’ensemble se déguste comme un bonbon pour enfants. 

Et je ne résiste pas à vous faire partager ma phrase préférée : “Accrochée au ventre des nuages, la lune en croissant est couchée sur le dos dans un hamac d’étoiles” Si avec ça, vous ne faites pas de beaux rêves…Gnianh zigbo !

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Du miel sous les galettes – Roukiata Ouedraogo (268 pages)

Vous connaissez peut-être Roukiata Ouedraogo au travers de ses chroniques sur France Inter ou de son one woman show ? Elle nous livre dans ce premier roman une description de son Burkina Faso natal plein de fraîcheur et d’amour de la vie. Si vous lisez le livre en ayant sa voix et son joli accent chantant dans la tête, franchement, c’est un plus. Elle nous raconte les traditions, la culture et sa mère, cette femme forte qui a élevé sept enfants pendant plusieurs années toute seule, suite à une aberration du système judiciaire. Elle fait des parallèles amusants entre la culture française et la culture burkinabé, pleins d’humour, de dérision et de tendresse. un moment dépaysant, gai et touchant, à son image.

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Black Cocaïne – Laurent Guillaume (280 pages)

Vous cherchez un bon polar pour cette période de canicule ? Vous ne serez pas dépaysés avec Black cocaïne. L’ambiance chaude et moite de Bamako précède des passages dans le Sahel, brûlant et sec.

Un détective métis, ancien flic français, reçoit une très belle jeune femme qui lui demande de faire sortir sa sœur de prison, tombée pour transport de drogue. Rapidement, l’enquête se complique. Les donneurs d’ordre de la mule en question ne seraient-ils pas plus gros que prévus ?

Une intrigue bien ficelée par un auteur qui connaît bien cette région du monde, on se laisse entraîner à la suite de ce héros désabusé.